Extrait du journal

venait la petite bonne qui rangeait la mai son, Serge passa dans la chambre qu’il occu pait avec son père, et, quelques minutes plus tard, reparut en costume de soirée. — Tu sors donc ? lui demanda sa cou sine. — Oui, je vais chez le colonel Carancier. — Ah 1 Encore ? fit le commandant. — Tu sais bien, mon père, que je suis in vité depuis plusieurs jours ! Et il avait l’air si heureux, que la jeune fille en souffrit. Elle attendit que son cousin fût parti, puis interrogea finement le com mandant sur la famille Carancier. Son oncle s’emporta longuement contre son ancien ca marade, et termina par ces mots : — J’aimerais autant que Serge n’y allât pas ; mais je ne pas l’en empêcher. Claude est son ami d'enfance 1 — Ce Claude a une sœur, n’est-ce pas, mon oncle ? — Oui ; tu dois la connaître, elle était dans ton couvent. Elle se souvenait bien ; une enfant très élégante : — Blonde, n’est-ce pas, toujours mise avec recherche? — Une sacrée coquette ! s’écria le com mandant, et qui ne fera jamais rien de bon 1 Celte nuit-là, la jeune fille passa du doute à la jalousie : — Eu aimerait-il une autre ? Le lendemain, elle essaya de se rassurer, quand elle apprit que Thérèse avait à peine quinze ans. — Serais-je jalouse d’une enfant ?... Elle lutta contre cette jalousie, mais vaine ment. Quelques discussions entre le père et le fils lui prouvèrent bientôt que Serge avait pour Thérèse une affection profonde ; et, comme elle avait bien observé son caractère froid et résolu, elle se dit : — H l’aime maintenant ; il l’aimera tou jours 1 Sa douleur fut immense ; et ses souffran ces furent d'autant plus grands», qu’elle dut les cacher, et n’eut personne pour la conso ler. Elle voulut arracher de son cœur l’a mour qui l’avait envahi ; la jalousie lui fit...