Extrait du journal

Montélimar, le 22 avril 1871. Peu de mots suffiront pour caractériser la situa tion actuelle. Le Gouvernement, fidèle au programme qu’il s’est tracé à l’égard de Paris, continue à temporiser. L’insurrection maintient ses folles prétentions, et convie Paris tout entier à se lever « pour défendre ses droits méconnus. » Et le sang coule toujours. Et au milieu des victimes faites par cette guerre affreuse, au milieu de toutes ces ruines, de ces mal heurs accumulés, la Commune poursuit son œuvre ; elle signale chaque journée par des arrestations arbi traires, des violences aux personnes et à la pro priété. Devant cette aggravation des malheurs de la patrie, qui nous livre au mépris ou à la risée de l’Europe; devant les crimes des uns, et l’affaissement coupable du plus grand nombre, on pense, malgré soi, à ces races frappées de la malédiction du ciel, qui, après avoir rempli l’histoire de leurs grandeurs, s’éteignent misérablement dans la mollesse ou dans les discordes civiles; et l’on se sent l’àme envahie par un senti ment de tristesse profonde. C. Bourron....