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Journal de Roanne, 19 mars 1899

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Journal de Roanne
19 mars 1899


Extrait du journal

Quel triste spectacle que celui qui s’est dé roulé lundi et mardi derniers devant la cour d’assises ! Au lieu de chercher des excuses au livre de M. Urbain Gohier, la défense s’est attachée à le justifier : elle a voulu en faire un catéchisme pour nos soldats. Pour cela, elle a fait défiler à la barre des fruits secs de l’armée, des mécontents et des aigris qui ont eu des déceptions de carrière, des commandants qui auraient voulu devenir colonels, des colonels qui auraient voulu de venir généraux, des médecins-majors qui rê vaient d’être inspecteurs et qui ont dit des choses renversantes. On a étalé devant le jury et devant le pays toutes les petites misères, les misères inévita bles de la vie militaire, la promiscuité de la caserne, son absence de distinction et d’élé gance, les choses qu’on y entend, les vexations qu’on y subit, la dureté de la vie qu’on y mène, enfin tout le côté désagréable du métier des armes. On ne semble pas voir ce qu’il y a à la fois de puéril et d’excessif dans ce genre de dé monstration par l’absurde. Est-il possible de manier cinq cent mille soldats et de les mener comme des demoiselles ? Ceux qui les manient ne sont pas tous parfaits, nous en convenons ; il y a parmi eux des hommes rudes auxquels manque quelquefois l’éducation première et qui font passer souvent l’inflexibilité de la discipline avant la bienveil lance ou l’esprit de justice. Sont-ils des monstres pour cela ou des hommes sans cœur ? Demandez-le à nos soldats et ils vous diront que ces hommes, durs pour eux-mêmes comme pour les autres, sont bien souvent, quand il le faut, pleins de soins et de dévouement héroïque pour leurs hommes. Les autres, ceux qui prennent plaisir, sans raison, à brimer leurs inférieurs, sont telle ment rares qu’il vaut mieux n’en pas parler ; ils deviennent de plus en plus une exception, et c’est là ce qui condamne la thèse qu’on a essayé de soutenir devant le jury parisien. Co obien il eût été facile à l’accusation de la démolir de façon péremptoire ! C’est par mil liers qu’elle aurait pu faire défiler, elle aussi, des témoins qui seraient venus dire ce qui se passait autrefois dans nos casernes et ce qui s’y passe aujourd’hui. Qu’on compare la vie de caserne, il y a vingt ou trente ans, à celle d’aujourd’hui, et qu’on ose dire s’il n'y a rien de changé à l’avantage du soldat. Qu’on demande aux anciens soldats, qui ont des yeux et de la mémoire, si, au point de vue de l’hygiène, de l’alimentation, des soins médicaux, ils étaient traités comme nos recrues d’au'ourd’hui ; qu’ils disent si nos officiers, nos sous-officiers d’aujourd’hui, pour la plupart instruits et bien élevés, sont compa rables pour la politesse et les égards aux vieux grognards d’autrefois. Quant aux propos qu’on entendait dans les corps de garde, nous atten dons qu’on nous démontre qu’ils étaient faits pour les pensions de demoiselles. Que les contempteurs de notre armée aillent dans les pays les plus civilisés, partout où il y a une armée, qu’ils prennent la peine de faire une enquête sérieuse, impartiale, et ils verront que c’est encore en France que le soldat a la moins à se plaindre et qu’il est traité le plus humainement. On a fait grand tapage des abus qui peuvent être commis par l'administration de la guerrq. M. Pelletan les a dénoncés avec sa véhémence...

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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