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Journal de Roanne, 25 décembre 1870

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Journal de Roanne
25 décembre 1870


Extrait du journal

lois, déchirent les traités, se jouent de leurs engagements les plus solennels; ils ne recon naissent plus d’autre loi que celle du plus fort, d'autres traités que ceux qu’ils viennent d’imposer par la violence, d'autres engage ments que ceux qui enchaînent le vaincu au vainqueur. C’est le point culminant de leur gloire, mais c’est aussi le point d’origine de leur décadence, point fatal sur lequel la Provi dence a gravé de son doigt menaçant : Tu n’iras pas plus loin ! Ils se raidissent alors contre cette fatalité qui les humilie et, dans leur orgueil, ils se révoltent contre cette Providence dont ils se disaient naguère les envoyés. C'est le moment de l’aveuglement, moment à partir duquel rien ne saurait plus les sau ver. Les hommes et les choses qui ont servi à leur élévation vont devenir les instru ments de leur ruine et de leur humiliation. Cette heure fatale vient de sonner pour le roi Guillaume. Les peuples allemands, épou vantés de cette longue lutte fratricide, émus par les malheurs d'une race qui leur est sympath que, anxieux pour eux-mêmes de l’a venir que leur réserve le conquérant, font entendre de tous côtés des cris de paix. De l’embouchure de l'Libe aux rives du Danube, ce ne sont que pleurs et malédictions contre l'ambitieux qui sème le deuil et la désolation dans toutes les familles. Le roi détourne les regards de toutes ces populations en larmes et ne reconnaît comme légitimes que les fé licitations et les applaudissements de tous ces valets couronnés qui forment son escorte. Pour lui, les rois sont les représentants divins des peuples, et, hors des rois, aucune légitimité ne saurait exister. Ses armées, courbées sous le joug d'une discipline inexorable, n’osent pas faire en tendre leurs murmures; mais déjà des plaintes étouffées sortent du milieu des camps, et le soldat allemand, triste et découragé, jette vers la patrie des regards humides de larmes. Le vieux monarque ne voit rien. La phase de l’aveuglement cummeucc ; F heure de l'ex piation ne saurait tarder. Les symptômes ne se manifestent encore qu’insensiblement. On les sent plutôt qu’on ne les voit. Bientôt ils prendront un corps et deviundrout palpables pour tous. A nous maintenant de précipiter le cours des événements par notre énergie et notre patriotisme. C’est le moment des grands sa crifices et des grands dévouements. Devant la ténacité et les prétentions de Guillaume, devant la cruauté de ses bourreaux, la paix n’est plus possible. La France le sent, et du Nord au Midi, de l'Est à l’Ouest, souille un i esprit de résistance à outrance, indice cer! tain de nos prochaines v ictoires. Nous pouvons subir encore quelques re vers ; ne nous laissons pas abattre, ce seront les derniers. L'avenir est à nous, parce que l’avenir appartient toujours aux nations qui combattent pour la vérité et la justice. Tous unis dans la défense, nous serons invincibles. Aujourd'hui, nous n’avons plus qu’un seul drapeau sur lequel est écrit le mot: Patrie ; c'est le drapeau de la délivrance. Ne comp tons pas les bataiPons ennemis ; ne nous...

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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