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Journal de Roanne, 30 juin 1901

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Journal de Roanne
30 juin 1901


Extrait du journal

L’Anesthésie en musique On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de l’anesthésie en musique. On se rappelle qu’ici même il a été question d’un dentiste qui se vante non seulement d’arracher les dents sans douleur, mais de transformer cette opération en une véritable partie de plaisir, et cela, grâce à la musique. Dans une de ses chroniques scien tifiques, M. Henri de Parville revient sur ce sujet et nous donne les intéressants détails que voici : On emploie, depuis longtemps, le protoxyde d’azote comme anesthésique pour les petites interventions chirurgicales, notamment pour l’avulsion des dents et, comme le protoxyde d’azote s’appelle encore « gaz hilarant », on a toujours cru que l’anesthésie se produisait facilement et amenait, chez le patient, des idées roses. C’est là une erreur très enracinée. L’insensibilisation est assez irrégulière, ne dure qu’un temps variable et provoque des rêves quelque fois terrifiants. Le sujet crie, se réveille souvent en manifestant de la terreur. Un praticien, M. Drossner, vient de changer tout cela. Ayant remarqué qu'il y avait une corrélation entre les visions des anesthésiés et les bruits ambiants, M. Drossner essaya de placer à côté du sujet, au moment où on va l’endormir, une boite à musique, qu'il remplaça bientôt par un phonographe dont les deux récepteurs étaient appliqués sur les oreilles du patient. A l’instant où le sujet commence à respirer le protoxyde d'azote parfaitement pur, au moyen du masque, il entend un air de musique qui, naturelle ment, attire et fixe son attention ; et, après quelques inhalations, au bout d’un temps qui varie de une à deux minutes au plus, il est complètement endormi; la conjonctive même est insensible, et, pourtant, le sujet n’a respiré que 18 à 20 litres en moyenne, de protoxyde d'azote. Le masque est alors enlevé, et l’opérateur peut disposer d’une bonne minute à une minute et demie pour pratiquer une avulsion eu toute autre inter vention chirurgicale. Le pouls n'est pas modifié, ou à peine, bien qu’au moment où l’anesthésie est complète, et où on enlève le masque, le sujet, en respirant l’air pur, se congestionne fortement et présente un certain degré de cyanose, d’ailleurs très passagère. M. Laborde s’est préoccupé de cet état transitoire du sujet, et il a reconnu qu’il ne s’agissait pas, comme on aurait pu le supposer, de phénomènes toxiques dus au mélange d'air et de protoxyde inhalé contenu dans le sang; il pense que le phénomène doit être rapporté à la phase d’année que traverse le sujet depuis le moment où il commence à respirer le protoxyde d’azote. Au reste, cet état momentané subsiste à peine une demiminute; le sujet se réveille presque aussitôt; si alors, on l’interroge, la réponse est toujours la même : il n’a rien ressenti ; il a perçu la musique et même l’air, et s’est complètement endormi. Le morceau joué avec le phonographe devient le thème d’un rêve qui l’occupe pendant tout le temps du sommeil provoqué. Le sujet se souvient souvent du rêve, au réveil : un chef d’orchestre battant la mesure et conduisant ses musiciens ; ou bien, on était chez un marchand de phonographes qvi faisait essayer ses rouleaux. Une jeune opérée, en se réveillant, éclatait de rire, s'écriant qu'on l’empêchait de danser au son d’une musique entraînante. En quelques instants, d’ailleurs, le sujet revient à son état normal sans éprouver le moindre malaise et il manifeste son étonnement profond de voir sa dent ou ses dents déposées sur la tablette de l’opérateur, devant lui. La Télégraphie sans fil Le colonel du génie militaire russe Pilsoudski avait prétendu, à la suite de la découverte de Marconi, que les ondes se transmettent bien plus aisément, et d’une façon plus intense par le sol que par l’air. Après quelques expériences en Russie, il est venu créer, dans la banlieue parisienne, deux stations électriques qui, à l’appui de son affir mation, transmettent des messages télégraphi ques par voie terrestre. Le Matin nous donne les détails suivants sur les essais qui viennent d’être effectués : L'appareil employé par le colonel Pilsoudski ne dif fère du matériel dont se sert Marconi que par ses élec trodes. A la station qui envoie le message, puis au poste qui les recueille, les ondes sont transmises ou reçues par deux électrodes, l’un enfoui en terre à une certaine profondeur, l’autre ayant une disposition spéciale. Donc, deux électrodes au départ, deux à l’ar rivée. La distance qui sépare ces électrodes à l’un des postes est rendue plus ou moins grande selon la dis tance que doit franchir le message. Grâce à la découverte du colonel russe, avec des appareils d’une puissance insignifiante, on transmet par ondes terrestres une dépêche à 550 mètres, tandis que par voie aérienne elle ne va pas au-delà de 50 mètres. On a, d’ailleurs, constaté que sur terre l’émis sion des courants électriques sans fil, selon le système Marconi, est à peu près impossible. Les arbres, les accidents du terrain constituent autant d’intercepteurs. Les deux postes du Vésioet, situés à 535 mètres l’un de l’autre, ont envoyé et reçu devant nous un message du rédacteur du Matin, adressant ses félici tations au colonel Pilsoudski. L'inventeur prétend que la distance que peuvent franchir les dépêches confiées à la terre est illimitée. Et il travaille en ce moment à l’établissement de postes qui relieront un coin de la banlieue parisienne à l’étranger. Pour affirmer sa suprématie, le télégraphe sans fil, par terre, enverra des messages à descentaines de kilomètres, au lendemain même de son entrée dans le monde, un peu surpris. La découverte du colonel Pilsoudski rendra de grands services en temps de manœuvre et en guerre. Un chariot et un cheval peuvent aisément trans porter tous les appareils nécessaires à l’établissement d’une station télégraphique sans fil par voie de terre. Et, en quinze ou vingt minutes, huit hommes, sous la...

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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