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Journal des débats politiques et littéraires, 1 août 1848

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Journal des débats politiques et littéraires
1 août 1848


Extrait du journal

sommation n'a pas de,bornes. Chacun peut vérifier! par lui-même la vérité de cet axiome. En écoutant M. Proudhon, il y a des momens où l'on se de mande si l'orateur ne se joue pas de sa propre pensée. Que veut-il dire? Est-ce un ami, est-ce un ennemi de la révolution de Février qui proclame que cette révolution a renversé toute espèce de lois et de droits, qu'elle a aboli la propriété, résilié les contrats, rendu impossible le retour de la confiance et constitué dans le corps so cial un état permanent de guerre civile ? Ah ! nous ne sommes pas, il s'en faut, les admira teurs de la révolution de Février. Nous la subissons, nous ne l'avons pas appelée. Mais, à Dieu ne plaise que nous triomphions de la malédiction que M. Proudhon lui a jetée à la face! La révolution de Février a violé un droit politique, elle n'a-pas violé le droit social. Elle a renversé une Charte et un trône, elle n'a pas aboli la propriété et résilié les contrats. M. Proudhon, en un mot, n'est pas la révolution de Février, et il faudrait bien des révo lutions encore pour que la France tombât au niveau des idées de M. Proudhon ! Nous donnons aussi complètement que possible le discours de l'honorable orateur. S'il y a du cou rage à heurter de front tous les principes du sens commun, M. Proudhon a du courage ; il en a jus qu'à la témérité. S'il y a de l'esprit à chercher le brillant dans le faux, M. Proudhon a de l'esprit; il en a autant que le faux peut en supporter. Si notre société est assez blasée, assez usée pour chercher le mérite de l'écrivain dans un discours qui est une insulte à]la raison, M. Proudhon est un écrivain, on peut lire son discours. On peut voir comment, dans des temps de crise sociale, les sophistes, avec une dialeclique effrénée, arment d'argument les passions qui sentent toujours le besoin de se couvrir d'un système. Nous avons entendu le socialisme du Luxembourg ; il s'est fait entendre aujourd'hui avec plus de franchise encore et d'audace dans l'Assemblée Nationale. M, Proudhon, c'est le socialisme hau tain , dédaignant les détours, le socialisme disant son dernier mot. Nous savons désormais ce qu'il nous prépare ; mais toute la France lui répondra , nous en avons la ferme confiance, ce que l'Assem blée Nationale a répondu à M. Proudhon. Voici l'ordre du jour adopté par l'Assemblée : « L'Assemblée Nationale , considérant que la » proposition du citoyen Proudhon est une atteinte » odieuse aux principes de la morale publique, » qu'elle est une violation flagrante du droit de pro » priété, base de l'ordre social, qu'elle encourage » la délation et fait appel aux plus mauvaises pas » sions ; « Considérant en outre que l'auteur a calomnié » la révolution de Février en voulant la rendre «"complice des théories qu'il est venu développer à » la tribune, » Passe à l'ordre du jour. » Au scrutin de division, deux voix seulement ont protesté contre le vote unanime de l'Assemblée. Il y avait 693 votans....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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