Extrait du journal

Très pauvre, et si vaillant ! Il est forcé d'aller dans le monde pour entre tenir des relations qui lui sont utiles ; et il travaille après cela jusqu'au jour. Son chemin est très difficile. Il a tant d'en vieux 1 C'est Isabelle qui t'a appris cela ? Oh ! non ; c'est lui-même. Il en parle bien facilement, avec la simplicité des forts Les deux aînées se regardèrent ; elles ne reconnaissaient plus le langage d'Eva. Une impression désagréable les saisit, et elles résolurent que si la petite devait revoir ce monsieur prompt aux confiden ces, l'une d'elles au moins serait de la fêle. Mais le hasard servit mal cette in tention. Eva ayant été rendre à Mma Dufour une visite de politesse, y rencontra le person nage. Cette fois, la glace était rompue ; elle ne mit point de mystère à l'aventure. Au contraire, pleine de son sujet, et rose du plaisir d'en discourir, elle conta lon guement tous les propos. Par suite d'une indiscrétion de Mms Du four, elle savait que M. de Mirveil avait jadis habité l'Auvergne, et que sa famille y occupait une magnifique position. Mais il était trop insoucieux de ces misères pour en tirer vanité. Il évitait même de les laisser connaître. Cependant, pressé de questions, il s'était rappelé M. Bartel : « Un si honnête homme, avait-il dit ; » mon père professait pour lui une haute » estime...» Allons, tant mieux ! fit Madeleine. Eva continuait : —Il gardait un vague souvenir des Moutey. « Petite famille ; rien qui valût » la vieille bourgeoisie des Bartel. » Lui même se rattachait aux plus anciens noms de la province, et pouvait aller de pair avec les plus fiers. Aussi la pauvreté le touchait peu. S'il désirait gagner une for-...