Extrait du journal

Le travail a repris partiellement à Ri ve-de-Gier : 300 ouvriers viennent de rentrer dans les ateliers, et, d'après les derniers renseignements, il est permis d'espérer que la majorité ne tardera pas à suivre cet exemple. Il va sans dire que les meneurs du mouvement gréviste ont essayé d'empêcher la reprise des travaux : injures, menaces, voies de fait, tout a été mis en œuvre pour terroriser les ouvriers désireux de travailler. Comme à Carmaux, des pa trouilles ont été organisées, l'entrée des chantiers a été surveillée et les noms des prétendus réfractaires ont été ouvertement signalés au comité di recteur. Mais, fort heureusement, ces procédés ne paraissent pas avoir eu le même succès qu'à Carmaux, grâce à l'attitude du préfet de la Loire qui, réso lument, a pris des mesures pour protéger les travailleurs contre l'hostilité des me neurs de la grève. Les agents de police ont reçu des instructions précises qu'ils ont dû exécuter ; les perturbateurs ont été appréhendés et l'accès des chan tiers a été laissé libre ; en un mot, le préfet de la Loire a pris le contre pied de ce qu'avait fait ou laissé faire son collègue du Tarn. Cette attitude n'a pas été du goût des feuilles radicales. Elles crient à l'oppression des ouvriers par la police et accusent l'administration de fa voriser exclusivement les patrons qui, « eux, ont voulu la grève ». C'était prévu. Quand l'autorité fait le nécessaire pour que les ouvriers désireux de travailler n'en soient pas empêchés par la menace et la violence, il est entendu que c'est elle qui se rend coupable du plus odieux despotisme. C'est le refrain habituel des radicaux. M. Jaurès est venu le chanter...