Extrait du journal

faible ; ma sœur ne fut donc pas trop étonnée quand je lui dis que je me sentais lasse et que je désirais rentrer de bonne heure. » J'irai te voir demain, tâche d'être seule, me dit Nelly à voix basse en m'ém brassant. » Je compris, je ne sais par quelle in tuition, qu'elle devait avoir à me parler de lui, et mon insomnie fut remplie par l'attente fiévreuse de cette visite. Dès le matin, je fis fermer ma porte à toute autre personne que Mmo de Gèvres. Je n'étais,! d'ailleurs, en état de recevoir qui que ce fût. Elle vint vers deux heures, plus parée encore que de coutume et en inter rogeant sa montre, car on l'attendait, me dit-elle tout d'abord, à une matinée de musique; mais, aussitôt que la femme de chambre qui l'avait introduite se fut re tirée, elle se jeta brusquement à mon cou en sanglotant : » —Eh bien! oui, dit-elle, il est parti! il est parti! Oh! ma pauvre amie, que je suis malheureuse ! » Elle aussi ! Je me reculai par un mouvement instinctif, puis une sorte de compassion m'attendrit, elle souffrait comme moi... Je l'enlaçai de mes bras et longtemps nous pleurâmes ensemble. » Hermine ! reprit-elle enfin au mi lieu de ses larmes, tu es bonne; un in stant je t'ai méconnue... Il te recherchait, et moi, il s'obstinait à me fuir. La crainte ressemble parfois à de l'éloignement. Ah ! il avait raison de me redouter... je lui ai été bien fuuesle ! » De nouveau je l'avais repoussée par un mouvement involontaire, mais elle n'y prit pas garde. » C'est toi qui es cause qu'il s'est déclaré, Hermine. Oh ! je ne te reproche rien, ma pauvre amie... la fatalité décide,...