Extrait du journal

NEUILLY, 14 JUILLET. Hier soir, le Roi a travaillé avec le ministre de l'intérieur. Dans la soirée, M. le prince de Butera, ambassadeur de Naples, M. le maréchal duc de Tarente, ont eu l'honneur d'être reçus par le Roi. La garde nationale d'Auteuil a relevé celle de Passy. Le lloi a travaillé avec M. le ministre de la justice. PARIS , 14 JUILLET. Nous n'avons point envie de recommencer avec les journaux car listes les discussions de 1830 sur l'article 11 de l'ancienne Charte. Regardez autour de vous : voyez ce trône renversé, celte famille de Rois à jamais exilée. Que pourrions-nous ajouter à cette terrible réponse? Nous approchons de l'anniversaire des journées de juillet. Il y a cinq ans, à pareille époque, à huit jours de distance d'une graadé révolution, un simple retour àla Charte et au. bon sens eût encore suffi pour sauver le trône, et Charles X serait aujour d'hui, comme il l'était alors, le roi le plus puissant et le plus res pecté de l'Europe. Est-ce donc une misérable dispute de mots qui a ému si profondément la France, et qui l'a fait se lever toute en tière contre un prince auquel elle n'avait donné jusque-là que des marques de respect et des preuves de bon vouloir ? Non ; on cherche vainement à rapetisser aujourd'hui une question politique, la plus grande que jamais peuple ait eu à décider. Par I'interprclalion don née à l'article 14 de la Charte, le Roi demeurait l'arbitre suprême des lois , le législateur unique de la France; la division du pouvoir législatif en trois branches n'était plus qu'une dérision ; le Roi éli sait seul, puisque seul il faisait et défaisait A son bon plaisir les lois électorales ; le gouvernement représentatif périssait tout entier. Voilà la vérité, cette vérité plus claire que le soleil, et que tout le monde a sentie le même jour, au même moment. Permis aux jour naux carlistes de trouver maintenant que cela ne valait pas la peine de s'émouvoir si fort et de faire une révolution. La France n'a pas pensé de même. < Mais ce n'est pas là la question. Croit-on que ce soit pour le petit plaisir de mettre les journaux carlistes en contradiction avec eux-mêmes, que nous les ayons montrés se préparant d'avance à abjurer leur principe absolu de légitimité, si jamais ce principe tombait sur la personne de Louis-Philippe ? Il y a là quelque chose dé plus qu'une question de logique. C'est l'esprit intime du parti qu'il fallait faire connaître. La Restauration n'est pour lui qu'un moyen, la légitimité qu'un mol de ralliement; la contre-résolu tion est le but, le but poursuivi avec acharnement depuis qua-...