Extrait du journal

M. Raoul Péret a prononcé, hier, dans un banquet de comice agricole, un discours non seulement fort sage, ce dont nous ne songerions pas à lui faire compliment, mais, fort ingénieux. Pour exprimer la nécessité et l'efficacité de « l'union patriotique » à laquelle nous faisons présentement un su prême appel, il a emprunté les paroles d'un de ses prédécesseurs à la présidence de la Chambre. « Former une union patriotique, pour donner à la France toute sa force na tionale, travailler d'un effort commun au mieux : des intérêts moraux et matériels du pays, voilà quelle est la grande politique que réclament les circonstances que nous tra versons. » Qui a prononcé ces paroles d'une si saisissante actualité F Un homme dont les radicaux ne récuseront pas le témoignage, Charles Floquet, qui n'est pas suspect de nationalisme, puisqu'il combattit jusqu'au duel inclusivement le général Boulanger. C'est qu'en réalité la. nécessité de l'union quand l'intérêt national est menacé est de tous les temps. La liberté et la diversité des opinions sont un droit et une source de pro grès, mais à condition de ne pas faire perdre de vue ce qu'il y a d'éternel et d'essentiel dans la vie d'un peuple. Citons, nous aussi, une autorité « radicale » au premier chef. Pendant la guerre, au cours d'une enquête menée par une revue universitaire sur l'ave nir de l'union sacrée "après la paix, M. Her riot se prononça hautement pour le maintien de la tolérance et de Ta collaboration sur le terrain des grandes questions nationales. Il estimait que la politique d'avant-guerre avait été trop inspirée et « dominée par les procédés de lutte qui avaient servi à fonder la- République ». 11. conviait les partis à plus de largeur et de justice. « Il faudra demain, écrivait-il, que tous ceux pour qui la poli tique n'est point une industrie s'efforcent à relever le ton du débat permanent nécessaire à la vie d'un grand pays; il n'est rien d'aussi imbécile, au sens vrai du mot, que la Violence ou la haine. » Nous sommes manifestement à une de ces heures décisives où se joue le sort d'un pays. Il ne s'agit pas de métaphysique. Les ques tions qui se posent sont à la fois pratiques, urgentes et vitales. Rétablir le crédit public, assainir notre monnaie, enrayer la cherté de la vie, assurer la paix intérieure et exté rieure, c'est un programme qui n'est pas celui d'un parti, et auquel tous les partis ont pour premier devoir de contribuer, puisque son échec serait une universelle catastrophe...