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Journal des débats politiques et littéraires, 22 février 1905

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Journal des débats politiques et littéraires
22 février 1905


Extrait du journal

homme que M. Berteaux y aurait mis fin tout de suite. Mais nous sommes bien obligés de re connaître qu'au moment où M. de Villeneuve a annoncé que la publication des fiches allait cesser, le gouvernement venait de déclarer qu'après avoir frappé le général Peigné et le commandant Bôgnicourt, il s'en tiendrait là. De plus, M. de Villeneuve n'a donc pas été pris en traître, il savait à quoi s'en tenir. Le gouver nement a fait, à la vérité, d'autres promesses que nous avons recueillies et enregistrées : elles portaient sur l'ensemble de nos services administratifs. Lorsqu'on a demandé à M. Rou vier s'il maintiendrait le système des « délé gués », mis en honneur par M. Combes, il a ré pondu que son gouvernement serait un gou vernement de grand jour. Cela voulait dire qu'il n'y aurait plus notes secrètes, ina vouées, inavouables, marquées au coin hon teux de la délation politique. Ce ne sont pas seulement les officiers qui ont vu leur car rière ralentie ou brisée par des dénonciations obscures ; un trop grand nombre de fonction naires civils ont subi le même sort. Un agent voyer ne pouvait pas obtenir de l'avancement si sa fidélité au Bloc n'était pas garantie par quel que vénérable de la loge voisine, un candidat ne pouvait pas devenir notaire, ni même huissier, si quelque note défavorable avait été introduite dans son dossier par une main ennemie, qui avait soin de se dissimuler. Pour un peu, le pain et le sel auraient été refusés aux citoyens suspeets de ne pas admirer M. Combes. Cette basse tyrannie s'exerçait dans tout le pays par des procédés infiniment petits, mais qui n'en étaient que plus efficaces. Il faut absolument que cela cesse et cela cessera. Mais quand ? Nous ne voyons pas encore que la besogne indispensable soit commencée. Qu'on ne s'y trompe pas, le succès de la cam pagne des fiches est dû àla révolte, contre ce joug insupportable. M. de Villeneuve a donné le signal de la délivrance. Jusqu'à ses révéla tions bruyantes, l'indignation quelque vive qu'elle fût, restait muette, mais les consciences en étaient enfiévrées. L'explosion a eu lieu tout d'un coup, et elle a été violente. De deux choses l'une, ou le régime d'hier prendra fin, ou nous assisterons, sous une forme quelconque, au re nouvellement des mêmes scènes. Les mêmes ! causes produiront les mêmes effets : cela s'est toujours vu et se verra toujours. Ce n'est pas nous qui conseillerons à M. de Villeneuve de reprendre la publication de ses fiches ; mais, à défaut de cela, il arrivera autre chose. Quand l'air est chargé d'électricité, la décharge trouve infailliblement le moyen de se produire. Il y avait en France, et il y a malheureusement en core un état général de malaise qui tient à la corruption de nos mœurs publiques. Voilà le mal à guérir. Nos ministres actuels ont un scepticisme bienveillant que nous préférons à l'esprit hargneux et persécuteur de leurs devanciers , mais qui manque peut-être de l'énergie et de la vigueur nécessaires pour opérer la plus urgente de toutes les réformes, celle du gouvernement lui-même. Le jour où ils l'auraient faite, ils n'auraient plus rien à redouter des fiches. Ils ont tout à craindre s'ils ne la font pas....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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