Extrait du journal

Il y a déjà quelques jours, le Français publiait une série d'articles- sur notre politique extérieure, articles qui étaient nâturellement dirigés contre le ministère, et qui visaient particulièrement son chef, M. Waddington. Depuis lors, la campagne continue,, et, des deux -points de l'horizon, des adversaires se dressent. On annonce'que M. Glémenceau,- qui "est bon à tout faire, adresserait au cabinet une interpellation sur sa politique étran gère. Au Sénat, si l'on en juge par les articles du Français, le rôle d'interpel lant serait tenu par M. le duc de Broglie. Il est possible que ces velléités oratoires restent toujours à l'état de projet. Gela est même probable. Les reproches que l'on adresse au ministère soutiendraient difficilement le plein jour de la tribune ; |le gouvernement n'aurait pas grand peine là y répondre. Il est habile au. contraire, ou du moins il peut paraître tel, de les répandre dans les journaux, dans les con versations, dans les cercles. Nous avons gardé non pas de grandes prétentions, mai s de vives suscëptibilités au sujet de Votre attitude au dehors. Les adversaires du gouvernement savent bien que, sur ce point délicat, l'opinion est toujours prête à s'éinouvoir. Aussi n'hésitent-ils pointa y toucher d'une main à la fois hardie et timide. La main frappe -et aussitôt se retire. Le coup est porté, mais on ne sait d'où, il vient, et personne n en prend franchement la responsabilité.Quel est le grief principal que l'on adresse au= gouvernement? On juge sa po litique par ses résultats, et ces résultats sont notre isolement en Europe. On com mence par interdire au gouvernement de conclure et même de rechercher aucune alliance ; après quoi, on lui fait un crime de n'avoir pas d'alliés. S'il en avait, on ne manquerait pas de dire qu'il les" a mal choisis et qu'il a compromis la F/ance dans une aventure. Nous reconnaissons volontiers que la France n'a poursuivi aucune alliance et que la bonne po litique consiste aujourd'hui dans la ré serve la plus absolue. Cette politique, on l'approuve en principe, mais on la condamne en fait sous prétexte qu'elle aboutit à l'isolement. Avons-nous besoin de signaler la contradiction ?-Non, sans doute ; mais il faudrait s'entendre une bonne fois sur ce mot d'isolement qui re vient sans cesse sous la plume ou sur les lèvres de nos adversaires. Nous vou drions bien savoir qui est-cequi n'est pas isolé aujourd'hui en Europe. L'Allemagne, et l'Autriche ! Oui, cela est vrai ; ces deux puissances se sont rattachées l'une à l'autre par un lien plus étroit; nous savons cela, bien que nous ne con naissions pas encore la - nature et les termes exacts de l'engagement. Voilà une alliance, si l'on veut ; pourrait-on en citer une autre ? Nous sommes isolés, dit-on. Est-ce que la Russie ne l'est pas? Est ce que l'Angleterre et 1 Italie ne le sont pas également? L'isolement, s'il est-un 1 mal dans les circonstances présentes , n'est pas un mal qui nous'soit propre.il y a dans cette vue de quoi nous consoler et nous encourager. Nous ne pouvions con tracter d'alliance avec personne; on nous l'assure, et c'est prêcher des convertis. Dès...