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Journal des débats politiques et littéraires, 8 avril 1847

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Journal des débats politiques et littéraires
8 avril 1847


Extrait du journal

avec des artistes, essayait des modes avec des grisettes, composait des drogues, disséquait des cadavres, tirait des pétards ou faisait des perruques. Elle était jan séniste et discutait comme un docteur. Le cardinal de Bissy, ce chef ardent des molinistes, fit prévenir un jour M"» de Rohan, abbesse d'Hières, qu'il irait visi ter son couvent. «ÎReçoit-on la hul}e ici ? dit-il à » peine entré. Oui, Monseigneur, sauf une sœur » converse. Qu'on la fasse venir. » Elle vint. Le prélat parle de soumission. La sœur parle d'appel. Il s'indigne. Elle [résiste. « L'hérésie vous entraîne, » dit-il. Llambition vous pousse, répond-elle. » Vous ferez pénitence. Vous devriez la faire pour » votre vie passée. Quelle audace! à moi, cardinal! » La vérité est faite pour eux coàime pour les » converses. Comment ! s'écrie Bissy... » Mais l'âb béSse d'Hières, M" de Rohan, éclate de rire; Bissy, qui regarde plus attentivement, reconnaît, sous l'hum ble habit de sœur converse, l'abbesse de Chelles, M*' d'Orléans. Il s'abîme en excuses. La princesse lui tourne le dos en disant : « C'est un avis, profitez-en! » Mais en profitent-ils jamais? Bissy n'en fut que plus fanatique!. • ' Le déguisement du moins était eette fois à bonne fin. En était-il partout de môme ? Citerai-je l'abbesse; du couvent Saint-Antoine, à Paris, qui résistant, non pas seulement aux ordres, mais aux troupes du Roi, soutient un siège dans son monastère ? Parlerai je de l'abbesse du Poussay, protégée par la vertueuse Marie Leczinska? (La piété la plus pure est si sou vent dupe !) Dirâi-je les voyages de cette abbesse hors du couvent, pour cause de santé ? Dirai-je qu'égarée par un amour bien criminel, entraînée par ses re grets , déchirée par ses remords, elle se fit sauter la cervelle d'un coup de pistolet chargé dp trois balles? Que penser des mœurs du grand monde d'après ces habitudes monastiques? Que pouvaient devenir les femmes de la société avec de tels pré lats pour directeurs et de pareilles ahbesses pour modèles! Ne soyons pas surpris que l'historien du règne de Louis XV, M. le comte de Tocqueville s'ex prime ainsi : « Là jeune fille ne quittait le couvent » que pour donner sa main à un homme qu'elle ne » connaissait pas. Le noçud légitime du mariage ne .» serrait ni les, cœurs ni les volontés. Les époux s'en » formaient d'autres à leur gHise, et la violation de la » -foi conjugale, admise dans les habitudes du monde, » n'étonnait personne et scandalisait à peine. » Que de faits je pourrais citer! Les Mémoires du temps en offrent à chaque page, citons celui-ci :...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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