Extrait du journal

; PARIS; 7 MARS. ' ,/ La Chambre a ajourné à mercredi prochain les interpellations que l'Opposition avait proposé d'adresser aujourd'hui au ministère, sur la crise qui tient, depuis quinze jours, lés affaires en suspens. Cet ajournement équivaut à un ordre du jour; car avant mercredi prochain les ordonnances de recomposition du eabinet auront pro bablement paru. Nous, avions prévu la décision de la Chambre dans cette grave question, où deux pouvoirs semblaient en présence, et nous n'at tendions pas moins de sa modération, de sa sagesse et de l'excel lent esprit qui l'anime. La résolution de la Chambre est un acte éclatant de sa déférence envers la prérogative royale ; et nous l'en félicitons ; car si la Couronne y gagne , la puissance morale de la Chambre, qui est sa véritable force, s'en accroît; la prérogative parlementaire est comme rehaussée par le respect qu'elle a témoigné pour le privilège constitutionnel de la royauté. Eu temps régulier et calme, les pouvoirs publics se fortifient par le respect qu'ils pro fessent les uns pour les autres, par le soin qu'ils mettent à se renfermer dans la sphère de leurs attributions légitimes. Quand les pouvoirs s'entrechoquent, se combattent, sortent de leurs limites ou souffrent qu'on envahisse leur domaine, c'est presque toujours l'annonce et le symptôme d'un temps de révolution : alors, pour un pouvoir qui triomphe, il yen a toujours plusieurs qui succombent ; et l'histoire des révolutions du monde politique nous apprend que ce n'est pas toujours le pouvoir parlementaire qui gagne à cette lutte , que ce n'est pas toujours la liberté qui survit aux révolu tions. L'Opposition avait soulevé la question que la Chambre a écartée; mais il faut lui rendre cette justice, qu'elle a reculé très habile ment devant la répugnance visible de la Chambre à entamer le débat, et qu'elle s'est exécutée de très bonne grâce. On ne peut pas dire en effet que les explications de M. le ministre de l'ins truction publique ont servi ù couvrir la retraite de l'Opposition sur le terrain malencontreux où elle s'était placée ; M. le ministre de l'instruction publique n'avait pas, pour le momeut, d'explications...