Extrait du journal

| entrent dans la classe moyenne tandis que les autres en | sortent? Qu'est-ce donc que M. Guizot a fait, et admt ! rablement fait, vendredi dernier? Une seule chose :il a fermé la bouche, une bonne fois pour toutes, aux gens à équivoques. Le parti_radical est plus franc avec M. Guizot; il ne l'accuse pas de s'être démenti ; il a reconnu la même pensée dans les deux discours; il les attaque également et avec raison. Dans l'un et dans l'autre, en effet, M. Guizot a été au fond des choses; il a sondé avec une admirable fermeté de coup d'oeil la question qui agite les esprits non seulement en France mais presque dans toute l'Europe ; il à relevé le drapeau du bon sens en le dégageant de tant de sophismes et d'absurdes chimères qui le voilent; il a montré aux peuples de quel côté il y a pour eux espoir de liberté, de dignité , de stabilité, de quel côté certitude d'anarchie, de misère et de des potisme. Deux tendances se montrent aujourd'hui à dé couvert chez les peuples libres, et se font sentir, quoique plus obscurément, presque chez tous. L'une prend pour principe l'égalité absolue , pour niveau, la multitude; son but n'est pas d'élever la multitude jusqu'à la capa cité des plus capables, ce qui serait impossible, mais de rabaisser les. plus capables, de les perdre, de les effacer dans la multitude. Son moyen, c'est le suffrage univer sel, ou le gouvernement de tous. L'égalité, aux yeux de l'autre parti, n'est que le droit, égal pour tous, de s'élever le plus haut possible par leur travail, par leur génie, par leur vertu. Aussi, la liberté de la presse, la liberté individuelle, la liberté du travail, c'est à dire le droit de s'éclairer, de s'enrichir, de tirer parti de ses facultés quelles qu'elles soient, sont-ils des droits dont tous jouissent également. Tous ont le droit de s'éclairer, mais tous ne s'éclairent pas ; tous ont le but devant eux et la liberté d'y courir, mais tous ne peuvent pas, ou tous ne veulent pas, se donner assez de peine pour l'at teindre. Le droit de gouverner n'est pas un droit qui appartienne à tous, parce que tous n'en sont pas ac tuellement capables ; mais tous ont un droit égal de travailler à l'acquérir. Etablir le suffrage universel, c'est étouffer la liberté sous le nombre, l'intelligence sous la force brutale ; c'est aller fatalement au despo tisme par l'anarchie. La liberté n'est bien placée que dans les mains de ceux qui sont assez libres eux-mêmes d'esprit et de position pour savoir le prix du dépôt qu'ils ont, et pour en faire un usage intelligent....