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L’Assemblée nationale, 6 mars 1848

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L’Assemblée nationale
6 mars 1848


Extrait du journal

Paris, le 5 Mars. Lorsque les barricades étaient encore debout, nous avons été les premiers à protester contre" ceux des actes du gouver nement provisoire qui engageaient Favcnir.Tout d’abord, nous avons fait à rassemblée nationale un appel qui a été formulé depuis par une grande partie de la presse. Notre opposition conservatrice s’est montrée reconnaissante pour les preuves de courage et (le dévouement, facile pour toutes les mesures d’ordre, et indulgente pour quelques abus, fruit nécessaire des circonstances, conséquence inévitable d’une dictature ainsi improvisée. Aujourd’hui un nouvel acte se produit qui engage prématurément notre politique extérieure, et nous protestons encore et nous renouvelons notre appel, sans doute avec une grande partie de la France, qui demande promptement, à grands cris, un pouvoir régulier, ayant une origine nationa le, incontestée, incontestable. La position du gouvernement provisoire, nous le savons, est pleine de difficultés : investis d’un pouvoir souverain et sans contrôle régulier, livrés aux hommes d’action qui les ont éle vés au pouvoir dictatorial, les membres du gouvernement pro visoire restent éloignés des hommes d’Etat, et n’osent point demander des conseils et (les secours à une fraction quelcon que de la chambre qu'ils ont brisée. Nous n’examinons point quelle forme l’on devait adopter pour réclamer le concours officieux des hommes pratiques et des mandataires du pays ; mais nous avons la conviction pro fonde que ce concours eut été loyalement accordé, et qu’il eut peut-être préservé la France et l’Europe de bien graves mal heurs, Mais le pouvoir absolu, comme l’histoire nous le dit à cha que page, donpe vite, même aux hommes les plus vertueux, les plus éminens, le vertige et la conviction d’infaillibilité. Ministres de la nation, vous avez une responsabilité re doutable pour vous, dangereuse pour tous : sachez vous rési gner à demander et à recevoir des conseils; dictateurs dévoués au pays, lorsqu’il s’agit d’engager l’avenir consultez toutes les opinions et ne restez point dans l’isolement d’un parti. Il y a deux sortes de dictatures, celle qui s’impose d’ellemême après la victoire, celle que la nation demande au mo ment du danger. La tyrannie de l’une a pour sceptre une épée, le dévouement de l’autre tient une branche d’olivier. L'une est brisée quand elle abuse et qu’elle a cessé d’être forte, l'autre abdique son pouvoir lorsqu’elle cesse d’être utile; mais quels que soient les actes et la durée de leur règne, aucune des deux, ne peut avoir la puissance ou la mission d’enchaîner l’avenir et de lui imposer les engagemens de son passage. Le manifeste de M. Lamartine qui formule aujourd’hui notre politique extérieure devant l’Europe avec tant d’éclat et dje grandeur pour la nation, doit être cependant compté parmi les actes du gouvernement provisoire qu’il faut le plus déplo rer pour la portée d’un de ses principes. Ce mémorandum est l’œuvre d’un homme éminent à bien des titres, il contient des pensées auxquelles on applaudit avec...

À propos

La Gazette de France refusant de publier l’adoption de la deuxième République à la suite des Journées de février, Adrien Lavalette fonde son propre journal une semaine plus tard, le 1er mars 1848. En quelques semaines, L’Assemblée nationale devient alors la voix la plus forte du camp révolutionnaire. Suspendu plusieurs fois, le journal est contraint de changer de nom. Il devient Le Spectateur en 1857, mais est interdit dès l’année suivante à la suite de l’attentat d’Orsini.

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