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L’Assemblée nationale, 4 février 1855

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L’Assemblée nationale
4 février 1855


Extrait du journal

reporter nos regards vers le seul pays où, mal gré quelques écarts et quelques défaillances, el les se sont conservées grandes et fortes. Sur quoi fonde-t-on les récriminations qu’on nous adresse ? Nous avons dit que l’Angleterre n’était pas une puissance militaire de premier ordre, mais cela est évident, et les Anglais en conviennent eux-mêmes. Tandis que la France, la Russie, l’Autriche dirigent coup sur coup sur le même champ de bataille ou sur les points les plus opposés, des armées innombrables ; l’An gleterre, qui a envoyé 5û,000 hommes en Cri mée, est obligée de s’arrêter ; ses ressources en hommes sont épuisées, et pour soutenir son con tingent elle est réduite à enrôler des étrangers. On ne peut donc pas dire que ce soit une puis sance militaire de premier ordre; les faits par lent d’eux-mêmes. Mais au moment même où nous disions que l’Angleterre n’était pas une puissance de premier ordre, nous disions aussi que l’armée anglaise était admirable pour la bravoure et l’héroïsme de ses soldats. Personne plus que nous ne rend justice au courage et à l’énergie des troupes anglaises sur le champ de bataille ; personne n’a plus ap plaudi à la manière dont elles ont combattu dans cette campagne. Sous ce rapport, elles n’ont aucune comparaison à redouter, et Bossuet luimême n’a rien de trop magnifique pour louer < cette redoutable infanterie dont les bataillons » serrés, semblables à autant de tours, mais à » des tours qui sauraient réparer leurs brèches, » demeurent inébranlables au milieu des assauts » de l’ennemi, et lancent des feux de toutes parts. » Mais le courage des soldats ne suffit pas pour faire aujourd’hui en Europe une puissance mili taire de premier ordre. Il faut encore trouver dans sa population des ressources suffisantes pour faire face à toutes les éventualités d’une guerre avec les autres Etats; il faut, comme la France, pouvoir mettre sur pied, si l’hon neur et le salut du pays l’exigent, un million d’hommes, soldats au premier appel, et chez qui une sorte de sentiment inné tient au besoin lieu d’apprentissage. L’Angleterre ne le peut pas. Tous ceux qui ont fait une étude quel que peu attentive de ses ressources, de sa con stitution, de l’esprit de ses populations, le sa vaient depuis longtemps; la guerre actuelle l’a démontré. L’Angleterre est, sans, contredit, une puissance de premier ordre par sa marine, par son commerce, par l’étendue de ses possessions, les prodiges de son industrie, son crédit, ses ri chesses, l’esprit libre et patriotique qui circule clans ses veines, mais nous ne pouvons pas dire, malgré notre vif désir de ne pas nous heurter contre l’humeur irritable de nos voisins, que l’Angleterre soit ni une nation, ni une puissance militaire comme la France, l’Autriche, la Russie ou même la Prusse. Nous avons dit encore cpie, dans la guerre contre la Russie, sa marine, si formidable qu’elle fût, n’avait pu jouer qu’un rôle secondaire. C’est là un fait que personne ne peut nier. Une des plus puissantes et des plus belles flottes qui aient jamais sillonné les mers est restée six mois dans la Baltique, sans trouver l’occasion de rien entreprendre qui (ût en rapport avec un si grand déploiement de forces. Dans la mer Noire, les escadres alliées ont rendu et rendent encore...

À propos

La Gazette de France refusant de publier l’adoption de la deuxième République à la suite des Journées de février, Adrien Lavalette fonde son propre journal une semaine plus tard, le 1er mars 1848. En quelques semaines, L’Assemblée nationale devient alors la voix la plus forte du camp révolutionnaire. Suspendu plusieurs fois, le journal est contraint de changer de nom. Il devient Le Spectateur en 1857, mais est interdit dès l’année suivante à la suite de l’attentat d’Orsini.

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