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L’Aube, 1 décembre 1944

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L’Aube
1 décembre 1944


Extrait du journal

UAND René Pleven nous annonça que les ins criptions à l’Emprunt de la Libération allaient dépasser le chiffre de 100 milliards, l’Assemblée consultative appplaudit, non seulement vigou reusement, mais encore unanimement. S’en doutons pas : la nation prolongera l’unanimité du succès en unanimité du triomphe. Le ministre des Finances a bien voulu reporter le mérite de cette première victoire, d’une part sur le concours moral que donnèrent à l’emprunt les libérateurs de Belfort et de Strasbourg, d’autre part sur le concours direct que four• nirent aux pouvoirs publics les mandataires de la Résistance organisée. Cet hommage, qui honore son auteur, situe l’Emprunt de la Libération dans sa véritable perspective. Il n’est pas douteux qu’une politique financière fondée sur le volontariat des capitaux n’est pas conforme, en prin cipe, à la doctrine ou au sentiment profond des hommes dont la destinée, l’honneur et la grandeur reposent sur le volontariat du sacrifice. Ils ont pourtant dominé leurs préférences, comme naguère ils avaient dompté les conse'ds de la peur, de lu prudence ou, tout simplement, de la nature. Pourquoi ? D'abord parce qu’ils ont acquis le sens du Bien Commun. Ensuite, parce qu’on leur a dit que l’emprunt constituait, non pas une fin en soi, mais le préambule nécessaire d’un Plan rénovateur. Parce qu’on le leur a dit. Et parce qu’ils l’ont cru. Il reste à leur montrer qu’on a mérité leur confiance. Quand le ministre des Finances remontera à la tribune de l’Assemblée pour dire : « Le total des sommes récu pérées sur les collaborateurs de l’ennemi et les trafiquants du marché noir ou de la trahison s’élève à 100 tnilliards », il ne sera certes pas applaudi moins vigoureusement ni moins unanimement qu’hier. Quand le porte-parole du gouvernement pourra décla rer à la nation : « Les réformes de structure, longtemps pro mises, accomplies aujourd’hui, t’ont restitué la propriété de tes richesses », le frisson d’une seconde délivrance par courra le pays. Sur ce, je vais de ce pas ajouter aux 100 premiers mil liards l’obole du pauvre. Et je vous conseille d’en faire autant....

À propos

L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.

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