Extrait du journal

d ingéniosité et de persévérance les faiseurs de calme s’arrangent pour li miter les dégâts commis par les fauteurs de désordre. Sinon où irions-nous? On doit donc souhaiter que l’Aile magne et l’Italie soient ramenées au sein du comité de non-intervention. Si particulières que soient leur conception et leur pratique de la non-intervention, il vaut évidemment mieux pour tout le monde que les deux puissances fascis tes soient dedans que dehors. Per sonne, absolument personne n’a intérêt à les voir dans une situation qui leur laisse les mains libres. Même imparfaite la discipline de la non-intervention vaut certainement mieux que rien du tout. L’opinion mondiale a très bien saisi le danger qui pendant quarante-huit heures a menacé l’Europe. Son attitude presque générale peut se résumer en trois points : scepticisme sur l’origine du drame, condamnation de la riposte alle mande, volonté farouche de s’opposer à tout élargissement du conflit. Cela est fort sage. Ceux qui s’en sont tenus soit à proclamer leur horreur du mas sacre des non-combattants, soit à pro clamer leur résolution de rester à l’écart des conséquences ont eu tort, les uns et les autres, de négliger l’un des deux aspects essentiels du problème. C’est mal servir la paix que de se taire sur une réprobation qui s’impose. C’est mal servir le droit public que de fulminer en son nom sans répudier formellement toute aventure. Et maintenant, reprenons notre an tienne : médiation, médiation. Il ne suf fit pas d’établir un barrage de fils de fer barbelés autour de la poudrière. Il faut et le plus vite possible supprimer la poudrière efle-même. Car nous nous en sommes encore tirés cette fois-ci. Mais il serait téméraire de se figurer que la paix résisterait sans peine à de nou velles secousses du même genre. Georges BIDAULT....