Extrait du journal

n’existe pas de législation interna tionale proscrivant la guerre et qu’aucune loi d’après un principe universellement reconnu ne peut être appliquée, si la promulgation est postérieure au crime. Enfin, ils reprochaient aux Alliés d’être à la fois juges et parties, et s’étonnè rent de l’absence de magistrats neutres et allemands. Mais Robert H. Jackson, chef de la délégation des Etats-Unis, à qui revint l’honneur d’ouvrir le débat, avait prévu cet assaut : dès les premiers mots de son réquisitoire, il remit l’affaire sur son vrai plan : celui de la responsabilité morale. La question n’est plus de savoir si l’éventuelle condamnation des accusés se Justifie par quelque cri me personnel commis à main ar mée ; ce serait ridicule et vain. « En tant qu’hommes, a-t-il dit, ces vingt déchus n’ont aucun intérêt ; mais ils représentent les forces qui broyèrent l’Europe et symbolisè rent la terreur et la cruauté pa thologique. Leur sinistre influence subsistera longtemps après la dis parition de leurs corps. Tout acte de pitié à leur égard serait un encouragement au mal ». C’est le procès de l’Allemagne nazie qui doit être fait si l’on veut que notre civilisation survive. Revenant à plusieurs reprises sur les objections soulevées par les avocats, le procureur américain dé clara en substance que le pacte Kellog-Briand avait fixé le statut de la guerre d’agression, mais qu’aucun législateur n’avait pu pré voir de tels crimes et qu’on était bien forcé d’innover. Enfin, il re connut au vainqueur le droit de juger le vaincu lorsque ce dernier ne pouvait châtier lui-mème les coupables : et l’expérience de 1911 prouve que tous les responsables...