Extrait du journal

LE Mouvement Républicain Populaire a voté contre la Constitution et il invite les républicains, les démocrates de ce pays à le suivre et à répondre * bu ON > lors de la consultation populaire, par voie de referendum, le 5 mai prochain. Déjà l’on constate la sagesse des Français lorsqu’en se prononçant, le 21 octobre dernier, pour un régime assurant l équilibre des pouvoirs contre l’omnipotence d’une Assemblée, ils obligeaient en même temps leurs élus à faire leur travail constitutionnel dans un certain délai et à venir en référer devant eux. Nous aurions aimé que puisse être prése niée au pays une Constitution qui, acceptée par le plus grand nombre, aurait marqué l’union des républicains autour du régime nouveau que la France devait se donner pour répondre à l’attente et aux sacrifices de tous ceux qui ont lutte Pour la liberté. Nous voulions, nous-mêmes répondre à cette attente en donnant à la France la possibilité d offrir au monde l’exemple d’une nouvelle forme de civilisation où la démocratie soit pleinemrn/ l expression du respect, en tous les domain es, des libertés essentielles au développement et à l épanouissement de la personne humaine, Nous disions donc qu’il fallait construire une démo cratie non seulement politique mais aussi éconorn tque et sociale. A nos yeux, démocratie politique et démocratie sociale vont de pair^et nous savons même que la cause essentielle de l’échec des régi mes démocratiques modernes — . a créer la démocratie, c’est qu'ils n’ont construit qu’une dé mocratie politique sans cons truire une démocratie sociale. C’est peut-être là qu’est placé le problème essentiel : servir la libération de Fhomme contre toutes les formes ou tous les risques de servitude, qu’ils viennent du pouvoir politique ou du pouvoir économique et social encore attaché à la pos session de l’argent. Libération politique, libération économi que et sociale ne sont pour nous qu’un même service, le service de la liberté qui doit être assurée à l’homme tant dans la vie politique que dans la vie sociale. Certains peuvent négliger l’un ou l’autre de ces domaines : notre conception, à nous, de la démocratie nous in terdit de négliger l’un ou l’au tre, nous contraint de poursui vre dans l’un et dans l’autre une même tâche de libération humaine. Aussi avons-nous été de ceux qui ont toujours dit « NON * à toutes les menaces de dictature ou d’asservissement ; comme nous avions dit « NON » à Mu nich, nous avons dit « NON » au fascisme totalitaire qui s’ins tallait chez nous avec Vichy. Ces précédents et ces référen ces de fidélité à la République doivent bien donner quelque poids à notre témoignage d’au jourd’hui. Or notre témoignage est que la Constitution qui a trouvé une majorité à F Assemblée constituante met en danger les libertés publiques : c’est pour quoi nous répondons « NON ». Sans doute, s’est-on ingénié à nous montrer, pour obtenir nos suffrages, qu’en dehors d'un équilibre des pouvoirs...