Extrait du journal

raison, en prenant soin de nous diviser avant assaillir. Pendant des années, nous avons maintenu, contre l'apparence, que le germanisme finirait par forger la coali tion de ses ennemis, en d'autres termes que l Allemagne' courait au désastre de victoire en victoire. Et le paradoxe est devenu l'évidence. > Nous avions raison, mais... Mais, après plus de cinq années de guerre, LE PARTI DE LA LIBERTE, TOUT INVINCIBLE QU'IL SOIT, EST PROVISOIREMENT IMPUISSANT A NOUS GARANTIR CONTRE L'INVASION D’UN MORCEAU DE L'ALSACE. Si bref que doive être ce revers, si limité dans le temps et dans l'espace, il n’en mérite pas moins de survivre dans la pensée des hommes qui porteront devant l'Histoire la responsabilité de la future PAIX FRANÇAISE. Il démontre, en effet, que l'infirmité géographique de la patrie ne peut être guérie par la seule vertu des alliances, par le seul jeu de l'assis tance mutuelle. Quand bien même la future Société des Nations engloberait toutes les puissances pacifiques de la planète, quand bien même l'automatisme des sanctions serait assuré par la lettre du contrat et par la foi sincère, c’est-à-dire agissante, des contractants; quand bien même nous serions sûrs de voir l'Empire britannique, la Russie et les Etats-Unis voler à notre aide, sans perdre une seconde, dès qu’un pouce de notre sol aurait été violé par les légions du IVe Reich, nous en serions pour autant garantis contre la défaite, mais non pas contre l'invasion. En réussissant à porter encore la bataille sur notre sol — serait-ce pour quelques semaines et sur quelques centaines de kilomètres carrés — la Wehrmacht achève de prouver, avec d'autant plus de force qu'elle est plus amoindrie, que la seule chance de paix réside, non pas dans l'AFF AIBLISSEMENT RELATIF, mais dans l'AFFAIBLISSEMENT ABSOLU de l’Allemagne. Encore une fois, il est vrai que son affaiblissement relatif suffirait à exclure toute Allemagne possible de toute vic toire possible. Mais, pour une France qui comptait treize départements sinistrés en 1918, et qui en compte aujourd’hui quatrevingt-trois, une nouvelle invasion, fût-elle suivie d'une vic toire totale, serait avec tant d’évidence l'équivalent d'une irrémédiable défaite, que nos fils et nos filles éloigneraient à TOUT PRIX ce calice de leurs lèvres meurtries. La paix n'a donc d’autre recours que l'affaiblissement absolu du Reich, c'est-à-dire un arrondissement de notre aire straté gique qui prive l'Allemagne des bassins de la Ruhr et de la Sarre, des moyens et des conditions nécessaires de l'agression. Et pourquoi l'Amérique ne le comprendrait-elle pa*. puisqu'elle a fini par comprendre que la route de Tokio passait par Berlin... Et que, pour atteindre Berlin, il fallait armer la France ?...