Extrait du journal

Une Étrange nervosité s'est depuis la conférence d'Algésiras emparée île la presse allemande. d'où elle se répandit dans le peuple. Jusqu'à la conférence, les officieux avaient beau exciter le chauvinisme germanique, le u deutsche Michel » ne sê laissait pas faire. Avec son tranquille bon sens, il pansait. : « Agitez-vous I Remuez-vous l Tout cela, ce sont procédés de diplomates pour la galerie I Je ne me laisse pas troubler ! » 11 sentait que 1 agitation de la presse était feinte et ne visait qu'à exercer sur les puissances réunies 4 Algésiras cette pression dont l'habile mise en oeuvre a été analysée avec tant, de finesse et de profondeur par M. André Tardieu, dans un livre qui restera. Ce n'est ijuaprès la conférence que le peuple allemand s'inquiéta. A tort ou h raison, il crut îi une grave défaite de sa diplomatie. Le résultat médiocre de celte conférence si désirée à Berlin lui donna à réfléchir. Un premier effet de ses méditations se manifesta pendant Jes élections, où il infligea aux socialistes un si sérieux avertissement. Son gouvernement, pour des raisons diplomatiques d'abord, puis pour des motifs électoraux, ne fit rien pour le rassurer. Au contraire I Des notes tendancieuses ne cessaient de l'alarmer et de le maintenir en éveil. On lui ressassa le thème de « l'isolement » de l'Allemagne, si bien qu'il finit par y croire' et violemment. Or, par un choc en retour Tort curieux au point de vue psychologique, la croyance populaire se communiqua aux "sphères officielles qui jusqu alors s'étaient contentées, avec tous les moyens dont elles disposaient, à faire naître l'impression d isolement. Et ayant ainsi gagné de proche en proche, peuple, presse, parlement et gouvernement, il était naturel qu'un mot nouveau fût créé dans le jargon diplomatique p-ur exprimer cette peur commune. L'isolement devint l'encerclement ( Einkreisung)....