Extrait du journal

Un soir que j'en avais mangé un trop grand nombre d'arpents, je m'étais couché de très bonne heure sur un matelas, dégoûté jusqu'à la nausée du métier de la guerre, des promenades à cheval, et de tout ce qui était œuf et lard. J'avais la fièvre ; je rêvais que mon estomac était encombré d'étriers, de gourmettes et de mors de bride. Mes camarades, plus vaillants, étaient en train de boire avec l'habitant ; le vieil homme était très animé ; il se figurait avoir été soldat, mais, au fur et à mesure qu'il buvait, il savait de moins en moins dans quelle arme il avait pu servir. Je dormais depuis deux heures quand ils me réveillèrent tous et me forcèrent à boire avec eux un petit genièvre, suivi d'un autre petit genièvre, bref un véritable monome de petits verres. Comme j'avais déjà mal au cœur, un peu plus, un peu moins, je me laissai aller... Ainsi, pensais-je, je serai tout à fait malade, au lieu de l'être d'une façon indécise et chancelante, et je pourrai affronter demain le' terrible médecin-major. Or, comme il n'y a que la foi qui sauve, je fus guéri en un quart d'heure....