Extrait du journal

vous entretenir d’un projet, triste et doulou reux pour moi, mais que je forme depuis j longtemps et que j’accomplirai sans hésita- ! tion, s’il peut rendre à mon mari le bienêtre et la condition heureuse dont il devrait jouir. — Parlez, madame, je vous écoute avec intérêt, dit le marquis de plus en plus gagné par les manières et le langage de la jeune femme. En écrivant à M. de Meyriac, je n’ai d’abord voulu, en effet, que me mettre en rapport avec lui. Mais donnez-moi d’abord des détails sur votre position malheureuse, à laquelle je prends part très-sincèrement. — Comme vous le savez, monsieur, reprit Hélène, nous nous sommes mariés sans for tune, je devrais dire sans argent. Charles avait même quelques dettes qu’il a fallu payer ; moi, je n’apportais que quelques milliers de francs qui me venaient de mon oncle, lequel, mort peu de temps auparavant, vivait d’une pension de l’Etat qui finit avec lui. Le peu que j’avais nous eût toutefois aidé longtemps si mon mari avait pu se soumettre à un ré gime d’ordre, d’économie et de travail auquel son éducation et ses habitudes ne l’avaient pas préparé. Le travail lui était pénible, et d’ailleurs il ne s’avait trop à quoi se mettre pour occuper son temps d’une manière utile. 11 savait un peu de beaucoup de choses, mais pas assez d’une seule pour tirer parti de ses études. Une certaine indépendance de carac...