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L’Écho de Paris, 12 mars 1895

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L’Écho de Paris
12 mars 1895


Extrait du journal

; LE BŒUF DOMESTIQUE Pour Jules Renard. La canr de cassation, qui a déjà déclaré que le taureau était un animal domestique, va être obligée, vraisemblablement, de prendre à. l'égard du bœuf une décision analogue. Le Petit Journal, nous raconte en effet un drame dont un simple bœuf est le héros et qui a eu des conséquences assez graves. C'est aux en virons de Tours, dans la commune de SaintFlovier, qu'il s'est passé. Un cultivateur, dit notre confrère, attelait deux bœufs à une charrette quand l'un d'entre eux parvint à s'échapper et gagna les champs, renversant plusieurs personnes sur son pas sage. Son maître et deux voisins qui se mirent à sa poursuite furent également blessés, ainsi qu'un gendarme et des enfants. Ce n'était pas là, de la part du bœuf, une boutade d'animal, capricieux , bien aise d« quitter son travail un instant, pour aller goû ter un peu de liberté et revenir ensuite à l'étable familière. A. la nuit, le bœuf était da plus en plus furieux et de plus en plus décidé à vivre désormais dans les bois solitaires,' loin des charrues et des jougs humains. Il ou bliait, hélas ! qu'il n'est qu'un pauvre animal domestique et que les lois autorisent à punii l'anarchie, même chez les ruminants. Trois gendarmes furent chargés officiellement par la commune de réprimer-une révolte qui pou vait être du plus mauvais exemple pour l'es pèce bovine. Ils se dirigèrent donc vers 1' surgé, armés de leur revolver et accompagne» par plusieurs paysans munis de fusils et do fourches. Une lutte terrible s'engagea. Le bœuf qui semblait avoir fait le sacrifice de sa vie — pas de bon révolté sans cette petite précaution — fonça sur les assaillants. Il fut reçu par une fusillade générale, comme Baudin sur sa bar ricade, et mourut pour deux cent cinquante francs environ.-Le Petit Journal affirme qu'il reçut, avant'de tomber, douze balles dans la tête et blessa en tout, plus ou moins griève ment, huit personnes. Il doit être dévoré par ses vainqueurs à l'heure où nous écrivons ces lignes. Chaque peuple a ses usages. Ce dramatique récit montre que les courses de bœufs peuvent être, à l'occasion, infini ment plus dangereuses que- les courses de taureaux. Elles ne sont pas encore interdites, par un oubli que les tribunaux vont bientôt réparer, s'ils tiennent à la tranquillité pu blique. Qu'ils se hâtent ! Qui sait si demain de pareilles aventures ne vont pas se pro duire avec des boucs, des ânes ou des porcs ? Nous vivons, a dit en substance M. Melchior de Vogué dans un discours à M. Paul Des-, jardins, à une époque où il faut'rappeler aux bœufs, aux anes ét aux. porcs qu'ils ne sont et ne seront jamais que de vulgaires animaux domestiques, et que c'est à* cette condition seulement qu'on leur permet de jouir ■ des bienfaits de la civilisation. GRAINDORGE....

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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