Extrait du journal

La Chasse à ma Femme Par M. Adolphe SCHAEFFER-STEL. (.Reproduction interdite ) I Le 16 août 1836, à huit heures et demie du soir, une voiture de voyage brûlait, au triple galop de quatre chevaux stimulés par le fouet du posiillon, le pavé de la route royale de Marseille à Paris. C'était une berline jaune. Deux dames occupaient le fond de la voiture. Elles étaient un peu près du même âge, et bien qu'elles ne se ressemblassent en aucun point, elles étaient sœurs. La plus jeune avait vingt ans. . C’était une blonde frêle et délicate, à la physionomie rêveuse et poéti que ; l’autre, plus âgée d'une année environ, était au contraire une brune au frais et souriant visage, un peu petite de taille et commençant déjà à acquérir celte ampleur de formes qui, lorsqu’elle n’est pas exagérée, ajoute un charme de plus à la beauté des femmes. La première était mariée et se nommait Lucie Verneuil. La seconde était veuve. Son nom était Mathilde de Versa*;. Depuis dix minutes, les deux sœurs n’avaient pas échangé un mot. La nuit étant venue, Mathilde, en veloppée dans son châle, s’était appuyée dans l’an gle de la voilure et paraissait disposée, sinon à dor mir, du moins à s’isoler de sa compagne pour rêver à son aise. Lucie avait baissé la glace de la portière et cherchait à percer l’obscurité de la roule. — Celle voiture ne marche pas ! s’écria-t-elle tout à coup en frappant du pied avec impatience. — Mais nous allons comme le vent, répondit Ma thilde, tirée brusquement de sa rêverie. — Ah 1 je meurs d'inquiétude ! murmura Lucie. Plus vite, postillon, plus vile, ajouta-t-elle d’une voix impérieuse. Je double les guides ! On avait promis cinq francs de guides ; on dou...