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L’Écho rochelais, 28 juillet 1894

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L’Écho rochelais
28 juillet 1894


Extrait du journal

lidées entre les mains des possédants, les biens contestés retrouvèrent une valeur incontestable et les capitalistes rassurés, achetèrent de la rente ; les fonds montèrent rapidement à la Bourse et le crédit public replaça la France au premier rang des nations. Tout cela, parce que l’indemnité accor dée aux dépossédés rassurait enfin la con science publique. Qu’il soit collectivement ou isolément pratiqué, le vol, c’est le vol... Une nation qui aurait volé son actif social ne jouirait en aucun moment les bienfaits de la paix intérieure ; tôt ou tard la conscience pu blique rendrait le pouvoir au parti des volés et la restitution s’ensuivrait... sans comp ter les haineuses représailles. Qu’on y prenne garde.cependant : le jour où la parti socialiste collectiviste serait en ‘majorité à la Chambre des députés, ia rente ne serait plus un placement de tout repos ; bien au contraire, les victorieux commenceraient par la « nationaliser » en brûlant le Grand-Livre et, sans nu! doute, la masse des bénéficiaires applaudirait avec frénésie à un acte de « nationalisa tion » qui aurait pour effet immédiat de supprimer au principal du budget des dé penses de l’Etat plus de 26 milliards. Ainsi l’Etat n’aurait plus à payer un milliard 75 millions de francs annuellement servis aux porteurs des titres de rentes françaises, et il ajouterait à son actif social « les mines, » les chemins de fer, les hauts-fourneaux » et autres moyens de production déjà » capitalisés. » Les anarchistes sont mortellement dan gereux pour les sommités officielles et aussi pour des individualités obscures — telles qu’on en trouve au café Terminus. — Les collectivistes, cent mille fois plus nom breux, font courir à toute propriété un danger d’autant plus effrayant qu’ils s’obli gent à cheminer dans les voies de la légalité. Tous les gouvernements de l’Europe étant coalisés contre les anarchistes, la secte pourra encore faire lugubrement parler d'elle, mais elle ne s’enracinera nulle part. Avec le collectivisme, c’est une autre affaire ; il y a là un parti nombreux, servi par des hommes supérieurs, par des chefs résolus et par des soldats dévoués jusqu’à ia mort. La thèse de la « nationalisation » est extrêmement inquiétante parce qu’elle se recommande des précédents de la Répu blique jacobine. M. Guesde veut tout simplement que le peuple opère avec les rentiers et avec la production capitalisée comme on fit, il y a cent ans, avec le clergé, avec la noblesse, avec les suspects. C’est une prétention qui est aussi gênante pour les radicaux nantis que pour les conservateurs d’origine. Bossuet a eu grandement raison de dire : « L’homme s’agite et Dieu le mène. » C’est l’agitation du parti socialiste-révolution naire-collectiviste qui fera de nos jacobins libre-penseurs des réactionnaires féroces ; ils défendront demain le Concordat pour protéger leurs économies, et on peut s’en rapporter à eux du soin de déployer de la fermeté dans l’exécution....

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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