Extrait du journal

Le roman français, même dans ses licences les pins audacieuses, gardait encore une certaine moralité. "Sans doute, on n'y épargnait pas toujours les mots salés ; on s’y livrait à ces gauloiseries qui sont dans la race et que, malgré M. Bérenger et un certain hueguenotisme morose, on n'en pourra expurger. Mais, le vice finissait presque toujours par apparaître en ses inconvénients et en sa laideur. Soit dans le romanfeuilleton, soit dans le roman psychologique, soit dans les peintures de milieu, on observait, surtout depuis quarante ans,une apparencemorale. Si quelques scènes de séduction ou de plein amour ne manquaient pas d’ardeur, du moins on s'en servait uniquement pour retenir l’attention du lecteur, et pour le mener à une conclusion qui n’avait rien de répréhensible. La plupart môme de nos romanciers se sont arrangé, chez leur libraire, comme une sorte de petit confessionnal discret ou bruyant, dans lequel ils donnent aux femmes des consultations. N’est-ce pas ce qu’a fait M. Paul Bourget que les études sociales ont tenté depuis? N’est-ce pas ce qui est advenu à M. Marcel Prévost, lequel, après avoir débuté par des pages romanesques, a tout à coup viré de bord et s’est adonné tout entier à la caustique? C’est un casuisle plans Jardin secret, dans le Mariage de Juliette, dans tes derniers livres féministes....