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L’Éclaireur de l’arrondissement de Coulommiers, 26 janvier 1878

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L’Éclaireur de l’arrondissement de Coulommiers
26 janvier 1878


Extrait du journal

C’est bien en science qu’on peut dire ; Rira bien qui rira le dernier. Après le téléphone de M. Dell, qui permet de percevoir les sons, à quelque distance que Von soit du point de départ, le télectroscope, avec lequel on obtient la vision des objets éloignés. Ce dernier instrument est encore en touré d’une foule de points d’interrogation, mais enfin l’idée première est sur le tapis. Il n’y a pas de commentaires à faire sur ces deux der nières découvertes ; quand on aura épuisé tous les qualifi catifs de l’étonnement et tous les termes de l’admiration, on n’aura pas encore rendu hommage aux inventeurs. Je me contente de m’incliner, d’admirer tout bonnement. Je n’ai jamais douté de la science, qui, à quelque point qu’elle arrive, fut-ce à rendre réel un conte des Mille et une nuits, trouvera encore du nouveau. Je parle des Mille et une nuits, et je n’exagère pas, Je me rappelle un conte où un Juif vend à un prince persan un tube d’ivoire au moyen duquel il pourra voir ce qui se passera dans son palais de Bagdad, situé à quelques centaines de stades de l’endroit où il se trouve. Si le télestrocopc est réellement trouvé, ou s’il est possible, n’est-ce pas la réalisation du conte? L’ombre de Galland en devra tre?saillir. Puisque le temps est aux découvertes, citons-en une autre. On vient, parait-il, de découvrir l’inventeur de la poudre. C’est un certain Bassigno, un philosophe s’il vous plaît, qui le premier en aurait eu l’idée. Voilà qui me .fait bien plaisir ; seulement je pense que depuis qu’on en a attribué l’invention au moine Schwartz, on a découvert qu’une demi-douzaine de gens l’avaient inventée avant lui, sans compter les Chinois qui s’en ser vaient depuis des siècles. Pour l’instant c’est Bassigno. Heureux Bassigno ! On devrait lui élever un monument en ossements humains en reconnaissance des résultats de sa trouvaille. On enterre à Rome, on épouse à Madrid. Ainsi va le monde. Un fleuve se tarit, une source nouvelle perce et forme un fleuve nouveau. Ou dit que le mariage d’Alphonse XII avec la princesse Mercédès est un mariage d’amour. 11 n’y a pas de mal à ça, mais que je plains ces pauvres tourtereaux royaux ! Dans notre monde, chez les vilains, aussitôt la messe dite, les petits sermons finis, le tourtereau prend sa bienaimée sous le bras, et s en va loin, bien loin, cacher son bonheur à tous les yeux, et la lune de miel suit immédia tement l'union. Là-bas, pas de tout cela ; point de causerie intime le soir des noces, mais l’étiquette, la froide étiquette. Et d’abord, les préliminaires : Les Cortès se sont réunis dans le but de savoir si l’on devait permettre au Roi d’é pouser selon son cœur, si son mariage n'était pas funeste au bien de l’état, que sais-je ? il s’est trouvé quatre députés pour voler contre. Supposez les mécontents en majorité, et le roi eût dû, par souci d’Élat, épouser quelque princesse qui lui eût été indifférente. Joli, le métier de roi, mais bien énervant ! M. Prudhommo pensait comme moi au sujet des amours royales, quand il disait que Louise jdc Lavallière aurait été reine, si Louis XIV n’avait pas été roi; ce qui est une bêtise, mais bâtie sur un fond de vérité. Un industriel a fait fortune au jour de l'an en rajeunis sant une vieille balançoire : les silhouettes perdues dans un dessin qu’il s’agit de retrouver. Où est le chat ? Oii est l'infortuné Bulgare? avec ces deux vieilleries aussi bêtes que vieilles, un individu a gagné une vingtaine de mille francs. Ce ne serait plus drôle si tout s’était arrêté là, mais le cocasse, c’est qu’au jourd’hui, c’est une inondation de questions, toutes taillées sur le même patron. Où est le chien? Où est la bergère? Où est le mouton ? Où est le lapin ? Où est le lièvre ? Où est Raspail? Où sont les amoureux ? etc. Parole d’honneur, je n’invente pas un litre et j’en passe ; c’est à se casser la tète contre un mûr de voir une ineptie semblable; et ça fait de l’argent ! Un pari qu’on va ressusciter les pommes de cannes dont l’ombre projetée sur un mur donne un profil quelconque. Puisque le hasard de la plume m’a fait parler de ces questions, permettez-moi de vous en citer une, encore à peu près inconnue, mais qui va faire son chemin. On vous présente une carte de visite, et on vous demande : Où est l’arbre, oii sont les fruits? Comme il n’y a rien, vous répondez hardiment : « Ils n’y sont point. » — En cela, vous faites erreur, pliez un coin de la carte, et elle deviendra un peu pliée. Quant aux fruits, les coins vous en donnent quatre et des plus savoureux. Lecteur, je vous donne cola moins cher qu’à côté : pour rien. E. Borghèsk....

À propos

L'Éclaireur de l'arrondissmeent de Coulommiers fut lancé en 1848 avec une mission claire : éclairer ses lecteurs des nombreuses et inestimables vertus de la République. En 1852, le journal accueille cependant l'Empire avec le même enthousiasme. Il change de titre en 1892 pour devenir L'Éclaireur de Seine-et-Marne. Renommé Le Petit Seine-et-Marne en 1899, le journal disparaît cependant la même année.

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