Extrait du journal

Après la révocation de Roux-Cosfadau Que font les Conseillers départementaux Après Nègre révoqué, Béret censuré, voici que notre collègue Roux-Costadau, instituteur de la Drôme vient d’être révo qué pour délit d’opinion. Je ne parle pas bien entendu, de tous ceux qui ont été déplacés, tracassés par mille moyens pour avoir eu le courage de professer des opi nions contraires à celles de nos gouver nants. Une majorité servile à la Cham bre, vient de donner raison au gouverne ment dans cette affaire. Je ne veux pas récriminer ici contre la tyrannie et l’arbitraire administratifs ou gouvernementaux. Le gouvernement bourgeois, digne successeur de tous les régimes déchus, a changé le masque mais a scrupuleusement respecté tous les rouages et les principes vitaux des vieil les monarchies. Quand il exécute ses employés avec cynisme ou hypocrisie il défend son omnipotence; il défend son existence comme l’ont fait et le font tous les gouvernements. Il agit avec logique, il est dans l’ordre. C’est l’arbitraire, c’est la force qui est la règle quel que soit le déguisement de légalité ou de grands principes dont on l’affuble. Les gouvernements actuels ne vivent que par l’asservissement de leurs salariés comme les patrons d’industrie ne vivetft que par l’esclavage et l’exploitation de leurs ouvriers. Il est particulièrement important, pour le gouvernement de tenir dans cette situation les instituteurs vu le rôle considérable, paraît-il, qu’ils jouent dans l’élection des députés, nos maîtres. Et, ce qui a son importance, par eux il asservit l’enseignement. L’enseignement asservi, poussant au culte de toutes les saintes et belles choses de la société ac tuelle, c’est une longue ère de domina tion assurée encore à tous les parasites. Les gouvernants donc, ne veulent pas, 11e voudront jamais des garanties sérieu ses pour les instituteurs, à moins que les instituteurs ne les y obligent comme font les ouvriers à l’égard de leurs patrons. Malgré la haine et le mépris que m’inspirent les rénégats qui sont au pou voir je ne récriminerai donc pas contre eux, mais je demanderai volontiers aux instituteurs ce qu’ils veulent faire? Vont-ils consentir pour tout de bon à subir le régime de servitude qu’on veut leur infliger? Vont-ils, par leur attitude laisser accréditer cette idée: qu’ils sont de plats serviteurs des majorités ou des ministres d’un jour comme les chers frè res qu’ils ont remplacés étaient les doci les valets du pape? Vont-ils consentir en fin à changer aussi souvent d’opinion que changer la couleur dominante de l’arc-en-ciel politique? S’ils veulent se ravaler à tant d’indignité qu’ils le disent ! et s’ils ne le veulent pas qu’ils ne tolè rent pas les délits d’opinion. H n’y a qu’une conception honnête de l’enseignement, c’est celle qui ne prend pas parti entre les différentes conceptions...