PRÉCÉDENT

L’Ère nouvelle, 18 octobre 1924

SUIVANT

URL invalide

L’Ère nouvelle
18 octobre 1924


Extrait du journal

10 octobre. — “ TU N’ES PLUS SOLDAT. » — Ma mère, qui n’eut jamais rien d’une Amazone et qui, dans la 87e année de son âge, n’a cure encore d’imiter Cornélie, m’a dit ce soir : « Mais, alors, tu n’es plus soldat. » C’est pourtant vrai... « Tu n’es plus sol dat »... Parole sublime, dont je me régale autant que du plus haut poème de Hugo L. Or. — édifiante coïncidence I — ce jour-ci, des mairies de Paris ont débordé de jeunes hommes pris de patriotisme comme de bois son. Ceux-ci procédaient à ce qui, dans nos pompes ordinaires, est appelé le tirage au sort. Afin d’y réussir, ils abondaient en. cris retentissants de candeur et d’alcool, bêti fiaient avec ivresse, divaguaient comme en extase, et titubaient déjà tout martialement. Leurs chapeaux, leurs vestons éclataient de rubans et de médailles, qui sont bien la plus vilaine faute de la fabrication française. Leurs aînés bayaient à leur liesse ; et certains, qui ont des lettres et se souviennent des in flexions chères à la voix illustre de M. Silvain, disaient, mélancoliques et ravis : « Ah I c'est beau, la jeunesse 1 Vivat ! le copahu. renchérira demain a chanté mon cher Laurent Tailhade, afin de donner à ce débordement de l’innocence humaine un sens lyrique et qui, tant bien que mal, participât des choses de l’amour. Tirer au sort !.. J’apprends ce que c’est, au jourd’hui... Je sais, enfin, que le bon numéro, le numéro « pépère », ainsi que parle celte graine de héros, c’est cette phrase ; « Tu n’es plus soldat » qu’une vieille mère dit, en l’embrassant, à son fils, parce qu’il vient de purger un demi-siècle d’existence nationale dans cette morne vallée ou les Poincaré de tout poil ne cessent pas de faire parler les morts. Je réprime une ironie qui m’eût conduit à répondre : « Sait-on jamais, Maman... J’ai, dans le Cartel des Gauches et dans le socia lisme, des amis — tel Paul-Boncour — qui sont bien capables, eux réformistes, de me faire remettre ça. Ignores-tu que ces antimili taristes sincères n’ont rien trouvé de mieux, afin de supprimer les années permanentes,...

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

En savoir plus
Données de classification
  • queuille
  • herriot
  • paul-boncour
  • napoléon landais
  • déroulède
  • victor basch
  • albouy
  • boieldieu
  • silvain
  • laurent tailhade
  • allemagne
  • france
  • berlin
  • potsdam
  • autriche
  • londres
  • paris
  • boulogne
  • reich
  • deutschland
  • la république
  • ligue des droits
  • ere nouvelle
  • nuremberg
  • collège de l'etat
  • université de france
  • parti radical
  • m. h
  • société des nations
  • cologne