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L'Impartial, 2 mai 1883

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L'Impartial
2 mai 1883


Extrait du journal

LA SAUTERELLE La tête a l’air d’être en bois peint, Malgré ses mandibules moites;. Elle a l'œil gros comme un pépin. Pareille aux bêtes en sapin, Mouton, cheval, bœuf et lapin, Que les enfants ont dans les boites. Sa tête a l'air d’être en bois peint, Malgré ses mandibules moites, La toute petite grenouille La regarde et croit voir sa soeur, Au bord du pacage, qui grouille De fougères couleur de rouille. Dans sa rigole où l’eau gargouille, Sur son brin de jonc caresser, La toute petite grenouille La regarde et croit voir sa sœur. Elle habite loin des marais, Sous la feuillée, au pied du chêne; Dans les clairières des forêts, Sous le chaume et dans les guérets. Aux champs, elle frétille auprès Du vieil âne tirant sa chaîne. Elle habite loin des marais, Sous la feuillée, au pied du chêne. Quand le soleil a des rayons Qui sont des rires de lumière, Elle se mêle aux papillons Et cliquette avec les grillons; Elle abandonne les sillons Et les abords de ia chaumière. quant le soleil a des rayons Qui sent des rires de lumière. Son chant aigre est délicieux Pour l’oreille des buissons mornes. C'est l’acrobate gracieux Des grands vallons silencieux. Les liserons sont tout joyeux En sentant ses petites cornes. Son chant aigre est délicieux Pour l’oreille des buissons mornes. Mais ce miniaturise devient un peintre formidable dans : La Vache au Taureau : A l’aube, à l’heure exquise où l’âme du sureau Baise au bord des marais la tristesse du saule, Jeanne, pieds et bras nus, l’aiguillon sur l'épaule, Conduit parle chemin sa génisse au taureau. Compagnonnage errant de placides femelles, Plantureuses Vénus de l'animalité, Qui, dans un nonchaloir plein de bonne santé. S'en vont à pas égaux comme des sœursjumelles. Si le pis est pesant, les seins sont aussi lourds, L’une a les cheveux drus, l’autre les crins opaques, Et leurs veux sont pareils à ces petites flaques Où 1* lune projette un rayon de velours. Aussi, rocs et buissons, les chênes et les chaumes, Semblent leur dire, émus de cette humble union, Ôu’en ce jour c’est la fête et ia communion Des formes, des clartés, des bruits et des arômes....
L'Impartial (1880-1899)

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