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L’Intransigeant, 23 décembre 1917

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L’Intransigeant
23 décembre 1917


Extrait du journal

Ceux qui ont voulu connaître le texte exact du discours Caillaux à l’Officiel ne l'ont pu lire dans ce journal, introuvable ce matin. Et le journal de la République Française a trop de travail depuis deux jours pour pouvoir paraître à l’heure. Qu’on ne dise pas, surtout, que ce sont les tambours de Sanierre qui ont couvert la voix de l’orateur. Les journaux publient de larges extraits de son discours qui, à tout prendre, n’est pas mauvais à con naître. On peut en écarter la première partie, qui n’est que la discussion ou plu tôt la négation des faits reprochés à M. Caillaux. Tout ce détail regarde aujour d’hui la justicl. Et ce ne sont pas les cinq cents auditeurs passionnés pour ou contre d’une assemblée parlementaire qui rempla ceront la méthode rationnelle, prudente et minutieuse du juge d’instruction. Mais la fin du discours, sa péroraison n’est qu’une thèse politique. Et c’est à ce titre qu’elle nous appartient. Or, qu’y a dit d’essentiel M. Caillaux? Nous ne sommes plus à Rome ou à Naples chez Scarfoglio. Nous sommes à Paris. M. Caillaux a repris les grands thèmes de ses discours de Ma mers, c’est tout juste s’il n’a pas proclamé la nécessité d’une restitution de l’AlsaceLorraine. Et résumant l’attitude normale de la France en face de sa détestable enne mie, il a dit : « Politique d’alliance avec l’Allemagne, non, non, ce n’est pas vrai i » U lestera, il est vrai, au juge d’instruc tionîa mettre d’accord ces paroles avec celles, assez différentes, que des témoins dignes de foi reprochent à M. Caillaux d’avoir tenues en divers lieux et notam ment en Italie. Mais il ne nous déplaît pas de constater que l’idée qu’un Français après quarante mois de guerre, et de quelle guerre ! pour rait tendre la main au monstre, apparaît si odieuse, qu’ello est dtfsavouée publique ment même par celui sur lequel la presse et l’opinion allemandes comptaient le plus et le disaient. On nous avait menacé d’une séance pleine de chausse-trappes, où lo spectre de la paix bâclée serait agité de façon si pressante „ que le pays pourrait en être singulièrement troublé. On n’a pas osé. Il y a pour les assemblées comme pour les hommes une pudeur, certains diraient une hypocrisie, qui n’est que l’hommage rendu par le vice à la vertu. L’Allemagne suivait, depuis quelques jours, avec une attention marquée et bien compromettante pour lui,, le procès de M. Caillaux. Elle peut lire le compte rendu de la séance d’hier. Elle s’y rendra compte que l’armature française est encore solide. Sans même avoir combattu, M. Clemen ceau sort fortifié d’un débat où la France a affirmé la nécessité vitale de se défendre contre toute faiblesse, . défaillance trahison. LEON BA1LBY...

À propos

Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.

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