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L’Intransigeant, 24 août 1924

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L’Intransigeant
24 août 1924


Extrait du journal

On n’a pas beaucoup parle, que je sache, du IVe Congrès International dès classes moyennes, qui s’est tenu à Paris, il y a quelques semaines. Vous me direz que, déjà à cette époque, beau coup de choses intéressaient davantage l’opinion publique. Possible. On voudra bien reconnaître, cependant, que le sort des classes moyennes est , l’une des questions sociales du moment. Ce pro visoire dure, d’ailleurs, depuis l’armis tice — au moins, et l’on n’en voit pas la fin prochaine. On ne répétera jamais assez que les classes moyennes sont celles qui ont le plus souffert de la dernière guerre. Elle les a saignées à blanc et appau vries au suprême degré. L’homme et la femme qui ont frimé pendant trente ou quarante ans pour acquérir une mo deste aisance sont à présent, et pour finir leurs jours, plus mal lotis qu’à leur entrée dans la vie'laborieuse. Ils doivent se priver de tout. Quelqu?un vient à chaque instant les prier de « se retirer de là » pour se mettre à leur place. L’invitation est générale ment brutale. On ne prend plus de for mes avec eux. Us gênent, et c’est à qui le leur fera comprendre sans aménité, en commençant par le propriétaire qui a besoin de leur appartement poür le louer plus cher, ou . le convertir en meublé de bon rapport. Faites des lois ou n'en faites pas pour réprimer l’a bus, c’est la même chose. & & & Je connais une belle maison voisine de Saint-Augustin, jusqu'ici bourgeoi sement habitée, où un appartement au quatrième vient de passer de 1.400 francs à 12.000 — meublé, cela va sans dire et loué à un Brésilien. Uite cham bre de domestique, dans la même mai son et aménagée dans les mêmes condi tions clandestines, a vu son loyer s’éle ver ;de 200 francs par an à 200 francs par mois. . , ïî est aujourd’hui bien plus facile à, lin étranger qu’à un Français de trou ver un toit à Paris. Le premier a des indicateurs qui ne le laissent pas long temps dans l’embarras. Le bénéfice du change lui permet de ne pas se montrer regardant. Le rêve du propriétaire — et ce rêve il le réalise couramment — est d’abriter un oiseau de passage. On doit lui faire de la place à tout prix. Ote-toi de là qu’il s'y mette. Petit jeu charmant, le jeu du jour. Le ménage du fonctionnaire ou de l’employé à qui plusieurs jeunes en fants imposaient l’obligation d’avoir une bonne/ n’en trouve plus, même aux conditions les meilleures. La prétention de se faire servir n’est plus permise qu’aux ménages sans en fants — et sans vieillards. Des femmes seules et d’un âge avan cé, pourvues de petites ressources na guère encore suffisantes pour vivre, me demandent fréquemment de les aider à obtenir leur admission dans une de ces maisons de retraite où les vacances sont si rares. En faisant l’économie d'un logement et d'une bonne, (d'ail leurs introuvable), ces vieilles femmes arriveraient à joindre les deux bouts. Autrement, ni leur médiocrité ni leurs infirmités ne sont secourues. Plaignons les malades sans famille : personne ne veut plus les soigner. Eux aussi sont encombrants. • • On s’est, paraît-il, au Congrès du mois de juin dernier, préoccupé de l’ac cession des travailleurs agricoles à la petite propriété. £ & £ Bon. Pour l’accession à la grande propriété, c’est chose faite, et l’œuvre de la guerre. Là aussi le fermier, sou vent endetté, a dit au propriétaire : Cède-moi la place, et celui-ci a dû, bon gré mal gré, s’exécuter. Le fermier a aujourd’hui sa limousine, et l’autre se . range, pouf la laisser passer, sur le bord de la route. Que faudrait-il au travailleur agricole d’aujourd’hui, pour que le même miracle s’accomplît à son profit ? Une nouvelle guerre — ou d’autres. congrès internationaux ?' , Je n’ai pas dans les congrès une bien ,grande confiance. En attendant, le troupeau des classes moyennes réduit, pour voyager,, au ‘chemin de "fer et à ses incommodités, a pu, cette année, faire une observation susceptible d’atténuer ses regrets. . (Des regrets aussi bien, en, a-t-il ? Les classes moyennes ont une résigna tion apathique à toute épreuve.) Donc, le phénomène de déclassement général, auquel nous assistons partout, s'est produit djms les trains comme ailleurs. Il y à eu permutation entre certains yoyageurs de 3e classe et d'au tres de 2e, comme entre les anciens lo cataires du second et ceux du quatriè me. La 2e classe n’est plus occupée que par les cheminots et leur famille, qui n’ont jamais .cessé d’en jouir. La 1'» classe garde • également ses habitués. Suant à la troisième classe, elle est...

À propos

Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.

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