Extrait du journal

Rome, 3 février (de notre corr. part.). — Pendant que le Sacré Collège délibère", fi gurons-nous que nous sommes dans l’en ceinte du Conclave et voyons ce qui se passe. . 1 ■ ' Lorsque les cardinaux sont entrés dans’ la Chapelle Sixtine, chacun d'eux a pris place soüs un baldaquin, qui lui a été dé signé d'avance, et on a procédé tout d’a bord au tirage au sort des scrutateurs. Le plus jeune des cardinaux a pris des boules en. bois, sur chacune desquelles est écrit le nom d’un cardinal ; il les a mises dans un sac de soie violette, et, après avoir secoué le sac, en a extrait trois bou les. : Les .noms qui se trouvent sur les : trois boules' sont ceux des scrutateurs. Après-quoi, chaque memhre du Sacré Collège se rend, par ordre d’âge, à une ta ble qui se trouve tout près de l’autel et y prend un bulletin sur lequel il écrira le nom du. cardinal, qu’il veut nommer pape. Ce bulletin se compose de trois parties : Sur la première se trouvent, imprimés en latin, les mots : « Moi, cardinal... », auxquels l’électeur, ajoute son nom. Lors que cette' partie est repliée, une phrase reste visible,. dans le milieu du bulletin : « J’élis comme Pontife Mgr le cardinal... », et l’électeur inscrit le nom de celui qu’il veut élire. Dans La partie inférieure il écrit un mot ou une phrase de sou choix et replie le ' bulletin de façon que la partie du milieu reste seule visible. Il met deux cachets sur les parties pliées et il va s’agenouiller devant l’autel en pro nonçant la formule du serment : « Je prends Jésus-Christ à témoin que j'ai élu celui qui m’a semblé, devant Dieu, devoir être l'élu ». Il embrasse la Sainte Croix et dé pose - le bulletin dans un grand calice en or qui se trouve sur l’autel. Cela fait, le car dinal revient à sa place. Lorsque tous les cardinaux ont déposé leurs bulletins, les trois scrutateurs pren nent le calice et donnent lecture, l’un après l’autre, des noms qui se trouvent dans la. partie centrale. Si l’un des cardinaux a obtenu les deux tiers des voix, il est l’élu ; dans le cas contraire, les 'bulletins sont brûlés. . -Le feu est alimenté avec de la paille hu mide, afin que la fumée soit noire ; le feu provenant des bulletins du scrutin final est seul alimenté avec de la paille sèche qui, en produisant de la fumée blanche, est, pour le peuple, massé sur la place SaintPierre, le signal de la fin du Conclave. Entre deux scrutins, certains cardinaux s’efforcent d’amener des partisans à leur candidat. Pie X avait songé à faire suivre les scrutins avec le moins d’intervalle possible. Mais il y a toujours .un père confesseur qui se tient prêt à recommander la liberté de-conscience. . « Le père confesseur de ce Conclave est Iç théologien Augustin Ruelli. Ces jours derniers, la face do Rome n’a pas été changée,comme elle l’eût été jadis, alors que les cardinaux ne pouvaient sor tir qu'entourés d’une escorte de gardes...