Extrait du journal

- Vous me faites rire avec votre campagne contre la vie chère. La vie diminue tous les jours, et c'est depuis qu'elle diminue que vous vous plaignez de la crise. Jamais on n'a joui de la vie si pleinement qu'au moment où tout paraissait hors de prix. Il n'y avait pas de chômeurs et tous ceux qui travaillaient gagnaient largement de quoi vivre. Les seules victimes étaient les petits rentiers que je plains beaucoup, mais dont la situation — ce n'est pas ma faute ! — est complètement déséquilibrée. On produisait, mais la consommation était à la hauteur de la production. N'a-t-on pas assez reproché aux ménagères modestes d'acheter dans les marchés des langoustes et des bottes d'asperges. L'argent circulait ; depuis qu'il ne circule plus, les commerçants et les industriels espèrent attirer les clients en baissant les prix, mais si les prix sont bas, ils diminuent les bénéfices, ils diminuent les salaires et du coup, l'argent circule moins, on en arrive au chômage. Quatre cent mille chômeurs, c'est quatre cent mille clients de moins. Les agriculteurs vendent à perte, ce sont des clients qui disparaissent, ce serait très long à vous expliquer......