Extrait du journal

Nous sommes cinq dans le grand pré fleuri que borde une large rivière soyeuse ; nous sommes cinq, quatre vaches et moi. Les vaches, raisonnables, sont accroupies dans l'herbe molle et ruminent avec béatitude. Installé sur le tronc d'un noyer abattu par des forestiers canadiens, je lis les journaux qui viennent d'arriver. Je pour. rais me laisser aller à l'a. douceur de la sai, son, sans m'inquiéter de prévoir d'avanco un avenir douteux ; mais ce n'est pas si commode d'arriver au suprême détachement du sage... Mon fils joue avec de petits camarades dans le bois voisin ; je les entends rire. Ils ont organisé un camping, ils nous ont arraché l'autorisation de cou. cher une nuit complète sous la tente que mouille la, rosée ils ont péché des pois. sons qu'ils font cuire et se régalent du plus maigre des repas. Rien ne compte plus pour eux que cette existence primitive ; nos enfants auraient-ils l'esprit d'aventures et leur destin, est-il de vivre une existence d'ac. tion qui ne nous a pas tentés ?...