Extrait du journal

Ah les beaux communiqués 1. Vous rappelez-vous les premiers mois de l'offensive contre Verdun, ce déluge, de mitraille, ces assauts répétés des corps d'élite de l'armée allemande, cet enfer horrible où il semblait qu'allaient s'effondrer les suprêmes énergies de la résistance française ?. L'ennemi avait amené là le meilleur de ses forces, en hommes et en matériel. Son artillerie avait sur la nôtre une supériorité redoutable ses soldats, grisés par la certitude d'une prompte victoire, allaient à la mort, il faut le reconnaître, avec un magnifique courage. De toutes façons, c'était l'effort le plus violent et, en même temps, le mieux préparé que l'état-major impérial eût entrepris depuis le début des hostilités. Fermez un instant les yeux, et évoquez ces journées sombres. Et puis, rouvrez-les et considérez ce qui se passe aujourd'hui sur la Somme. A Verdun, ni l'artillerie lourde du kaiser, ni l'énergie farouche de ses troupes, n'ont pu vaincre le héros français. L'Allemagne a été battue, et son échec est irréparable. Voilà sept mois et six jours que se déclencha son offensive, et la ciiadelle lorraine reste inviolée. Au prix des plus sinistres hécatombes, les Allemands ont pu s'en rapprocher de quelques kilomètres, occuper les ruines de Douaumont et de Vaux, et relever un moment par ces succès éphémères le moral de la Germanie. Mais Verdun n'a pas été pris l'objectif militaire que l'on s'était juré d'atteindre n'est plus qu'un souvenir décevant et quant aux conséquences politiques qui devaient être la principale récompense de ce sursaut formidable, un seul fait en démontre la vanité plus nettement qu'aucun commentaire 500.000 baïonnettes roumaines renforcent, à cette heure, les effectifs des Alliés....