Extrait du journal

Il n'est rien de plus sauvage, quand on lui laisse libre cours, ni de plus navrant, ni de plus stérile, que la haine des partis. L'épisode sanglant de la manifestation de Pons nous le prouve une fois de plus. L'enquête de la justice établira les responsabilités immédiates. Elle dira si le coup de revolver qui a abattu, au pied du monument de Combes, le mal-' heureux Jean Guiraud, a été tiré délibérément, comme l'affirme l'Action Française, par un gendarme qui voulait » tuer et qui le voulait parce qu'on le lui avait fait vouloir », ou si la version du préfet de la Charente-Inférieure, qui nous montre ce même gendarme assailli par les camelots du roi et, parce qu'il se croyait menacé de mort, perdant son sangfroid et usant de son arme, est l'expression exacte de la vérité. La vraisemblance, hâtons-nous de le dire, n'est pas du côté de l'Action Française, mais il reste, malgré tout, qu'en ne donnant pas au service d'ordre les mêmes consignes de modération et d'extrême prudence qu'ils ont coutume de prescrire dans d'autres circonstances et, par exemple, quand il s'agit de certaines manifestations révolutionnaires, les pouvoirs publics ont commis une lourde faute. Les forces de police dont ils disposent sont assez nombreuses, assez disciplinées et assez énergiques pour que l'on n'envisage point, à moins d'émeutes véritables, la nécessité de faire feu sur les délinquants. Si, à cet égard, les dispositions qu'il fallait prévoir avaient été prises, la défense de la statue de Combes n'eût pas été payée de la mort d'un jeune Français....