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L’Univers, 30 avril 1871

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L’Univers
30 avril 1871


Extrait du journal

Les réunions publiques fleurissent partout en ce moment à Paris. : Dans une crypte de l'église de Vaugirard, l'Union des femmes a fait élec tion de domicile. Cette union est toute cosmopolite. A voir le bureau du club on se demanderait si les étrangers qui composent presque uniquement l'étatmajor de la garde nationale n'ont pas amené leurs citoyennes pour y fonder l'Union des femmes. La présidente est une fille d'Albion, qui a vu beaucoup, mais beaucoup de Erintemps et même assez d'automnes. Ile a une casaque rouge. A côté d'elle, une grosse et blonde Allemande rem plit un uniforme de cantinière de la garde nationale, le képi sur l'oreille ; ces deux héroïnes sont flanquées de deux autres, une Américaine et une Russe. Ces dames veulent régénérer la France. La France, disent-elles, est tombée dans l'idiotisme et le crétinisme le plus abject par l'influence des calotins (sic) qui font le catéchisme, et par le crédit des religieuses à qui l'on a livré l'éducation des filles. « Donc, pour régénérer la femme, pour relever la France, plus de ces femmes noires ! plus de calotins! Nous n'en voulons plus. Non! pas plus que de leur sacrée confession! Nous autres citoyennes, nous voulons faire comme nos citoyens. » Il y avait bien quatre ou cinq cents personnes à écouter ces belles choses, la majorité attirée par la curiosité. Les uns riaient et goguenardaient, beaucoup haussaient les épaules : une vingtaine d'adeptes et d'enragées ap plaudissaient. Les gens honnêtes étaient heureux que toutes ces turpi tudes ineptes ne fussent pas débitées dans l'église même. Toutes les églises n'ont pas la chance de celle de Vaugirard. Les clubs ont, dirait-on, quelque attrait pour les églises, mais les municipalités aident à cet instinct et même le sollicitent. Ainsi les gardes nationaux, qui ont installé depuis deux jours un club à l'église Saint-Pierre de Montrouge, y sont venus sur l'indication de la muni cipalité. Ils ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas tenir leur club dans les cabarets, parce que les hommes s'y enivraient ; qu'il leur fallait un grand local, et que la municipalité leur avait indiqué l'église. Force a été à M. le curé d'abandon ner la nef aux clubistes, et il s'est trouvé heureux qu'on lui ait laissé le libre usage du chœur, qu'il a fait sé parer de la nef par une cloison. A Saint- Nicolas des Champs, les choses se sont passées plus cavalière ment. Le club de Saint-Nicolas, qui se tenait à la salle Molière, est un club d'importance, d'ailleurs. On y entend des membres de la Commune, et le ciAmouroux y a déclaré l'autre la chère Commune faisait...

À propos

Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.

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Données de classification
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