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La Cocarde, 12 janvier 1896

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La Cocarde
12 janvier 1896


Extrait du journal

SUICIDES PAR AMOUR De jeunes fous — car ils ont générale ment l’âge de Paul et Virginie quand ils se résolvent à ces tragiques dénouements — n’ayant pu arracher le consentement de leurs parents et préférant la mort en com mun à l’horrible séparation, s’attachent l’un à l’autre par un lien symbolique, le premier fichu, la première bretelle qui leur tombe sous la main, et se jettent ensemble â ia rivière. Pauvres enfants ! On verse une larme sur leur sort infortuné et on passe en disant, comme le vieux La Fontaine : «Ce n’est qu’une femme qui se noie ». Il s’en noie comme cela des quantités, non seulement de femmes mais d'hommes aussi, ce qui n’empêche les papas et les mamans — et combien parfois ils ont raison! — d’opposer un catégorique refus aux velleïtés insensées de leurs rejetons dos deux sexes. On ne peut pourtant pas marier les en fants au berceau, et la loi est sage qui ne permet pas aux jeunes gens de se lancer dans l’inconnu du conjungo avant un cer tain âge. Autant vaudrait souvent le plongeon qu’ils font dans l’eau ! De ces drames sentimentaux il n’y a rien à dire, sinon à les déplorer, quand les deux parties contractantes ont loyalement tenu les engagements pris. Encore si c’était la femme qui, au dernier moment,saisie de terreur à la vision de la mort prochaine, rompe le pacte, on le comprendrait à la rigueur. Avec leur nature sensible et nerveuse à l’excès,les femmes se proposent une foule de choses, qu’elles n’exécutent pas toujours... heureusement. On sourit et on excuse. Mais quand c’est l’homme qui manque à sa parole, qui, infidèle au serment juré, trahit la pauvrette qui a cru en lui et la laisse barboter toute seule dans la mare, tandis qu’il regagne sournoisement la rive, il n’y a pas assez de boue et d’anathèmes à lui jeter à la face. — Lâche l lâche 1 Vous vous rappelez l’histoire de ce sinis tre farceur qui répond au nom deChambige et qui, après avoir suicidé son amie, se ré veilla tranquillement dans le lit où elle était morte et déclara avec le même calme que, ayant dépensé toute sa vitalité pour la tuer, il ne lui en restait plus pour lui-même t...

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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