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La Cocarde, 17 novembre 1891

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La Cocarde
17 novembre 1891


Extrait du journal

Toujours Madagascar Il nous faudra revenir souvent sur la politique intérieure de Madagascar, sur son organisation administrative que nous con naissons à peine et sur l’influence toujours croissante que les missionnaires protestants anglais exercent parmi le peuple malga che. Nous marcherons, d’ailleurs, de surprise en surprise, et de désillusions en désillu sions. Aujourd’hui, la nouvelle qui nous arrive n’est pas faite pour raffermir l’espoir des partisans du protectorat français En effet, un de nos confrères publiait, hier, sur les manœuvres des Anglais,des renseignements édifiants qui lui étaient communiqués par un homme très au courant de ce qui se passe à Madagascar. C’est ainsi qu’on nous apprend que les su jets de S. M. Victoria ont le monopole de l’enseignement dans les temples et les écoles de l’Eglise d’Etat. Ils comptent à Madagas car : 25 vastes districts, dont 15 sont autour de la capitale : 1,325 paroisses, 277,114 adhé rents; 1,175 écoles, 82.G5G élèves des deux sexes; enfin, 5,926 prêcheurs qui sont choisis parmi les indigènes, chefs ou notables du pays. Le monopole qu’ils ont de l'instruction est si exclusif qu’une des lois du royaume (la loi 296) défend à un élève de quitter l’école où il a été inscrit. Or, vis-à-vis de l’Angieterre, quelle est la situation de la France ? Au lieu de 1,325 paroisses, elle en compte à peine 393 ; au lieu de 1,175 écoles, elle n’en a que 530. Quant aux 277,114 adhérents an glais, nous ne pouvons leur opposer que 112,000 adhérents français. Réservons, pour le bouquet, le nombre des élèves français : seize mille, au lieu de quatre vingt-deux mille anglais. C’est tout à fait édifiant, et c’est à croire que Madagascar est placé, non pas sous notre protectorat, mais sous celui de l’Angleterre ! Cette suprématie de l’influence anglaise qu’on nous fait constater dans les services publics, on nous la montre plus complète encore dans le gouvernement du pays et jusque dans l’entourage de la reine,dont les ministres, les chefs de garde du Palais et les quatre-vingt-dix gouverneurs de villes sont tous des anciens élèves des écoles an glaises et, par conséquent, absolument dé voués aux intérêts de nos séculaires enne mis. Sur les trois secrétaires du premier ministre, il y a deux Anglais, — un seul Français. Ce sont là des détails véritablement sur prenants et qui produiront dans le public français une impression de douloureux éton nement. Il est évident qu’on ne peut reprocher à M. Ribot d’avoir souffert qu’une pareille si tuation ait pu s’établii dans un pays que nous avons placé sous notre protection, par droit de conquête et par droit de traité. Elle...

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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