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La Croix, 29 novembre 1896

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La Croix
29 novembre 1896


Extrait du journal

Cette fouine gigantesque qu’on veut faire manœuvrer sous le sol parisien et qu’on nomme Métropolitain, a eu hier vendredi les honneurs de la séance du Conseil municipal. Le fera-t-on? Sera-t-il prêt en ce siècle ouseulementaprèsTExposition?Combien de millions faudra-t-il enfouir? Les colossales insanités débitées à cette occasion dépassent ce qu’on peut ima giner. # * Première insanité. — Il faut qu’un Métropolitain chemine sous terre, dit le rapporteur, passe sous la Seine, sous les égouts. Le Parisien aime à des cendre les escaliers et il les remontera gaiement à la sortie des stations. La vérité est que si le chemin de fer de Saint-Cloud ou de Sceaux fourrait ses voyageurs dans un tube, fût-il éclairé, les amateurs de villégiature l’abandonne raient vite et chercheraient la concur rence. Les premiers chrétiens acceptaient les catacombes et y faisaient leur cimetière; mais c’était l’heure des grands sacrifices et non une partie de plaisir. Prendre l’ouvrier avide d’air au sortir de l’atelier ou de la boutique et l’enterrer jusqu’à destination, c’est prodigieux d’in conscience, surtout après l’expérience de Londres qui condamne le souterrain. • • * Seconde insanité. — L’exécution d’un tel tube pour lequel on.parle .de SlO millions (sans compter les indem nités) manifeste que ces braves conseil lers n’ont pas«- excusez laflgure — l’ins tinct des taupes aveugles. A Paris il y a dans nos rues des égouts colossaux et puants — tout à l’égout; — ils^sont meublés de fils, télégraphiques et téléphoniques; il y a des conduites de gaz explosibles si hautes parfois qu’un homme peut s’y promener; il y a des conduites d’eau non moins larges et doubles. Il y a surtout des cours d’eau naturelle comblés autrefois, qui reparaissent et envahissent les caves des maisons. On sait ce qu’a coûté la construction de la cuvette dans laquelle on a bâti l’Opéra, parce qu’on avait choisi, sans y songer, le lit d’un de ces affluents supprimés. C’est à tra vers ce dédale, dessus ou dessous, sui vant les théoriciens, qu’on veut faire cir culer de la marchandise vivante I « * * Non encore une fois, jamais un animal doué de l’instinct du travail souterrain n’imaginerait de diriger des galeries en pareil sol; il y renoncerait. Mais, si l’onréussissait, quels travaux ! quels services nouveaux des égoutiers si on les faittravailler dessous; et si on met les égouts au-dessus du Métropolitain, quel danger pour les voyageurs en temps d’inondation! Aux orages, les égoutiers eux-mêmes sont noyés tant l’invasion est rapide. En toutcas, quelles dépenses dépassant toute imagination, et bien pins fortes que ne serait la construction de rues spéciales et séparées pour le Métropolitain; mais ce n’est pas le moment de parler des solutions. Il y a, nous le savons, plusieurs solutions; on est en ce moment incapable de les écouter. * • *■ Troisième insanité. — Les parcours du Métropolitain se composeront, dit le rapporteur, de divers circuits avec points de contact pour changer de circuit et finir par aboutir où l’on va. Jamais une Compagnie d’omnibus n’a...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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