Extrait du journal

Dissoudra-t-on-la Chambre; ne la dis soudra-t-on pas? telle est la question à Tordre du jour; tout le monde en parle. A la séance de samedi s’est fait entendre un singulier craquement dans les flancs de la majorité. Les radicaux tenus dans le brancard par les opportunistes se sont cabrés ; ils ne veulent plus connaître le mors. Depuis deux ans, à force de leur passer la main sur le dos, M. de Freycinet les avait empêchés de partir en guerre et de soulever les grosses questions politiques. Le péril boulangiste faisait. l’union : il était convenu de ne rien aborder de ce qui divise afin de présenter un front de bataille compact aux ennemis monarchistes et autrês. Aujourd’hui, les craintes commencent à disparaître, on n’attend pas qu’elles soient tout à fait dissipées pour se diviser avec éclat, lien arrive autant au lendemain de toutes les victoires révolutionnaires. On se divise à l’occasion de la séparation de l’Eglise et de l’Etat : là est la vraie raison; les autres affaires, l’élection du Nord entre autres sont de vains prétextes. La droite ne veut pas de la séparation, l’extrême gauche l’exige tout de suite ; au centre, les uns feignent de la désirer, et dans le fond la redoutent, les autres l’at tendent pour un peu plus tard avec appli cation opportune. * • Mais si 4a question désunit profondé ment l’Assemblée, elle unit momentané ment l’extrême-gauche : là, tout comme ailleurs, on ne s’entend sur rien : rompez le lien d’unecommunehaine contrel’Eglise et ces amis d’occasion s’entre-dévoreront. Ce sera le lendemain de leur victoire si Dieu la permet; ce sera le lendemain de toutes les victoires de Terreur. L’erreur tend à la désunion, comme la vérité tend à l’union; chacune des grandes victoires morales de l’Eglise, qui s’appel lent les Conciles, a resserré l’union. Les assemblées, issues du suffrage universel; n’ont pas encore donné pareil spectacle. * * « Au fond, pourquoi dissoudrait-on l’as semblée? Aurait-on autre chose ou mieux? M. Arène jette le cri d’alarme; rien de grand ne peut être fait par des députés nommés en vue d’une circonstance particu lière, il faut du nouveau; le pays consulté doit exprimer sa volonté... Mais quelle volonté Seigneur ! Pour ex primer une volonté, il est indispensable de vouloir quelque chose uniquement et ne pas vouloir tout contradictoirement à la fois I Le gouvernement ne dissoudra pas : à son point de vue, il n’aurait pas chance d’obtenir mieux, tout en risquant d’avoir plus mal. Le Paysan....