Extrait du journal

Dans soit ardent patriotisme, la presse française s’est soumise sans se plaindre à la censure militaire, quelque dommage qu’elle dût en éprouver. Elle a reconnu qu’elle devait ce sacrifice à l’intérêt de la défense-nationale. Mais la censure est une ambitieuse insa tiable qui se contente rarement du domaine qui lui est assigné et, à côté de la censure militaire, encore une fois acceptée comme un mal nécessaire, s’est installée la censure politique, qui est purement et simplement un abus intolérable. Aujourd’hui, c’est Arthur Meyer qui se voit supprimer un article dont on ne laisse subsister que le titre ; Après vous, Sire, et la signature : Arthur Meyer. Le lendemain, c’est Albert Monniot qui voit taillader un de ses articles donné à la Libre Parole, sur le maréchalat. Et comme M. Arthur Meyer enappelle de la décision arbitraire de l’anonyme censure à la personne même du president du Con seil M. Viviani, qui en porte la responsabi lité, celui-ci lui répond : Président du Conseil A directeur du Gaulois, Paris. Bordeaux, 3 octobre. Regrette ne pouvoir lever “interdit sur article, que censure Paris a visé en vertu de son droit et sans en référer gouvernement à Bordeaux, sans doute pour des raisons diplomatiques et internationales. . Sentiments distingués, René Viviani. Ainsi voilà un acte gouvernemental au premier chef dont personne n’a la respon sabilité ; M. Viviani n’en a même pas con naissance ; sans doute, insinue-t-il pour l’excuser, la mesure a-t-elle été prise « pour des raisons diplomatiques et inter nationales ». Mais que M. le président du Conseil prenne donc garde que la supposition est purement gratuite et qu’elle est injurieuse pour l’auteur. ' Il jette, en effet, sur l’article de M Meyer,...