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La Dépêche du Berry, 11 avril 1937

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La Dépêche du Berry
11 avril 1937


Extrait du journal

On avait coutume, jusqu'ici, de dire que la France était le pays le plus charmant du monde. Nous voudrions nous employer à faire mentir proverbe que nous ne nous y prendrions pas autrement. Voici que ?ntôt, en effet, on ne pourra plus se réunir, même pour un jeu par faitement innocent. On ne travaillera plus le samedi et les magasins fermeront le lundi, ce qui fera trois jours creux dans la semaine. Et. ma foi. les autres jours, ils seront ouverts, s'il plaît aux gaziers et élec triciens, qui se mêlent maintenant de couper la lumière et la force, tout comme au temps du bon Pataud ! Singuliers temps et singulier régime. Les uns veulent avoir licence de se réunir et de manifester, même sur la voie publique. Los autres sc voient interdire ce même droit, et même celui d’exister. D excès on excès, on en arrive à des cocasseries, comme celle de La Rochelle. Le Maire interdit toutes les réunions. Le Préfet casse son arrêté. Le Maire réunit son Conseil municipal pour déférer l'arrêté préfectoral au Conseil d'Etat. C'est formidable ! Sincèrement, nous plaignons le ministre de l'Intérieur qui, par destination, se doit d'arbitrer des différends aussi burlesques, et on se demande quelle position il va prendre au regard des manifestations du 1er Mai qui s’approche. Pourra-t-on ou ne pourra-t-on pas manifester à l’occasion de la F'ctc internationale du Travail ? C'est une question à se poser, car, enfin, si les uns ont le droit de manifester, pourquoi pas les autres ? Sans doute, sommes-nous vieux jeu, mais nous en tenons encore pour les vieux principes, c'est-à-dire que nous voudrions voir octroyer la « liberté > à tous, à condition que personne n'en abuse. Il semble que c'est quelque chose de ce genre qui est inscrit dans la Déclaration des Droits de l'Homme. Nous avons même oui dire que c était pour ça qu'on avait fait plusieurs révolutions en France î Croit-on vraiment que la Démocratie ait quelque chose à redouter de manifestations publiques ou privées ? Nous pensons, au contraire, que c'est en interdisant aux partis d'opposition ce qu'on réclame pour soi qu'on les grandit. On a vu ça sous l’Empire. Il y a encore quelques rares vieux républicains qui peuvent en témoigner. Nous sommes d'autant plus à l'aise pour parler de toutes ces choses, que nous n'aurions jamais admis que, sous certains Gouvernements — qui ne sont pas encore trop éloignés de nous — on décrétât un régime d’exception, soit contre le Parti communiste, soit contre la Confédération Générale du Travail. Et cependant, ceux-là pouvaient avoir figure de i< factieux » sous les précédents Gouvernements ! Qu’on interdise tout ce qui ne saurait être toléré, aussi bien sous trme de propagande parlée, que de propagande écrite, soit : que, dans ïrtaines périodes, et au nom de l’ordre public qui doit être respecté Fpar tous, on suspende momentanément l'usage de certains droits, soit encore. Mais à une condition, c'est que la même interdiction soit étendue à tous. Quand on aura goûté des beautés de ce régime, peut-être , se décidera-t-on, d'un côté comme de l’autre, à revenir à une plus saine pratique de la liberté 1...

À propos

Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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