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La Dépêche du Berry, 15 juin 1939

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La Dépêche du Berry
15 juin 1939


Extrait du journal

Contrairement à ce qui semblait arrêté il y a quelques jours, il parait que le Parlement aurait un certain répit et qu’on n'envisagerait plus la clôture de la session que pour la fin de la semaine prochaine. Ce n est pas, à la vérité, qu'il y ait èu un fait nouveau, car tout continue à sc traîner : reforme électorale et amnistie à la Chambre, retraite des vieux au Sénat — où en cherche un terrain d'entente — mais c’est que le plus profond désaccord continue à régner sur la question, maintenant capitale, de la prorogation. Prorogera-t-on ou ne prorogera-t-on pas la durée du mandat de la Chambre. On avait parlé, un moment, de renvoyer les élections à 1942, ce qui était une manière élégante de donner vie au mandat de six ans, décidé naguère par la Chambre et en suspens devant le Sénat. Mais la chose ne va pas toute seule, non pas tant à cause de 1 oppo sition. plus feinte que réelle, de certains partis politiques — qui. tout en étant contre la prorogation, seraient très heureux d'en bénéficier — que de la forme qui serait donnée à cette prorogation, laquelle ne pourrait être décidée que par décret-loi. Et puis, à force d'en parler dans le vide, et de ne rien faire, la résistance s'organise, et voici que, dimanche dernier, dans un discours retentissant prononcé en Avallon. 2x1. P.-E. Flandin, ancien et peut-être futur président du Conseil, a rejoint le camp des opposants, où brillait déjà cette étoile de première grandeur qui a nom L.-O. Frossard ! Cette fois, socialistes et communistes, opposants par ordre, sont dans la joie. Ils ent trouvé le renfort rêvé pour faire pièce à ce qui pourrait être l’intention du Chef du Gouvernement, car, au fond, rien n'est bien déterminé, croyons-nous, dans sa pensée. Il est possible, en effet, que les événements pourraient obliger, non pas à proroger la Chambre actuelle — qui ne le mérite guère — mais à différer, à ajourner les élections. On ne peut évidemment pas voter en pleine bagarre internationale, et cela, personne n’en a jamais vu l'idée, mais comment peut-on le décider à l’avance ? On n'en sait rien, et il serait à tout le moins étrange qu’on décidât de renvoyer les » leclion" à 1942 à cause d’événements dont personne ne sait s’ils se dérouleront en 1940. en 1941 ou en ’C-^. alors que, dans le même temps, on laisse entendre que dos élections générales pourraient avoir lieu, en Angleterre, en octobre prochain, si, naturellement, rien ne s’y oppose. Qu’on laisse donc les choses en iï-tat, c’est-à-dire la durée du mandat fixée à quatre ans, et la possibilité d’ajourner la consultation électorale v’.e mai prochain r.u cas où elle ne pourrait sc dérouler normalement, et tout sera dit, à condition que personne n’ait d’idée de derrière la tête ! On est toujours dans l’attente, au point de vue extérieur. M. William Strang est arrivé à Moscou porteur d'instructions du gouverne ment britannique, d’accord avec notre propre gouvernement, pour tenter de déclencher l’accord nnglo-frar.co-russc. Réussira-t-il ? M. Neville Chamberlain a déclaré aux Communes que son gouvernement n’avait aucune responsabilité dans la lenteur des négociations engagées. Comme le nôtre n’en a certainement pas non plus, c’est donc au gouvernement des Soviets qu’il faut l’imputer ? En toute autre circonstance, on pourrait peut-être s’accommoder d’une lenteur parfois sage, mais les événements pressent. Voici que des incidents surgissent en Bohême qui, décidé ment, s’accommode mal de la domination germanique ; à Dantzig égale ment. les menées nazistes commencent à devenir inquiétantes. Où cela nous conduira-t-il ? Si délicates que soient les négociations qu’il convient de mener à bien, il ne faudrait cependant pas être pris au dépourvu par les agisse ments de l'axe, qui vient encore de faire un sort aux avances de lord Halifax et de M. Chamberlain. Les Démocraties occidentales jouissent, en ce moment, du préjugé favorable, surtout à la suite de la visite tics Souverains anglais à la grande République américaine, qui a resserré les liens d’amitié entre les deux continents. Il faut en profiter et battre le fer pendant qu’il est chaud. Le front de la paix n’a pas une minute à perdre pour mettre ses accords eu point. Si c’est du côté soviétique que provient la résistance, il faut le dire et mettre chacun en présence de ses responsabilités. Il ne suffit pas de dénoncer les faiblesses et les fautes des autres, comme le font à jet continu les communistes, il faut savoir où ça accroche et qui accroche....

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Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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