PRÉCÉDENT

La Dépêche du Berry, 21 novembre 1937

SUIVANT

URL invalide

La Dépêche du Berry
21 novembre 1937


Extrait du journal

Ce fut un débat un peu à la manière d'une dpuche écossaise. Tantôt On soufflait du chaud, tantôt on soufflait du froid. Il n’y eut pas, du reste, que les orateurs qui alternèrent. Il y eut les sujets traites. De la poli tique générale, on sautait à la politique extérieure, de la politique financière à la politique sociale. Dans le même débat, nous aurons eu un discours de M. Georges Bonnet, sur la politique financière du Gouvernement — et il fut d'ex cellente qualité — et un de M. Yvon Dclbos, sur sa politique extérieure, et on ne peut y trouver rien à redire. Enfin. M. Camille Chautcmps a parlé de politique générale, et encore que le temps nous manque pour analyser son discours, il nous faut convenir que le langage qu'il a tenu est parfait à tous les points de vue. Les choses, même les plus critiques, ont d'ailleurs une tendance à s'arranger, et il n'est pas jusqu'au relèvement des traitements et retraites des fonctionnaires qui ne puisse pas trouver un terrain d'entente. M. Camille Chautcmps, entendu par la délégation des gauches, a offert 220 millions de plus pour les traitements d'activité, soit 1.600 millions au lieu de 1.380. D'autre part, les retraités auraient 45 millions de plus, et 1rs anciens combattants verraient leur chiffre maintenu à celui accepté par M. Rivière. Nous sommes évidemment encore loin des trois milliards réclamés par le Cartel des Services publics, mais on ne peut nier la bonne volonté du Gouvernement. On nous dit que M. Georges Bonnet n'a pas eu l'oreille de la majorité front populaire de la Chambre, en ce qui concerne la partie de son discours ayant trait au « contrôle des changes ». Mais, comme le note avec esprit M. L.-O. Frossard, il ne faut pas < attacher à ces jeux une excessive importance. L'opposition applaudit, mais vote contre. La ma jorité boude, mais vote pour. » C'est un peu la règle du jeu parle mentaire. Du discours de M. Yvon Delbos, qui a plutôt une mauvaise presse du côté de l'extrême-gauche — surtout chez les communistes — retenons qu'il a réaffirmé avec force la volonté du Gouvernement de sauvegarder à tout prix la paix, et ce n'est pas des plus facile par les temps qui courent. < Nous ne sommes pas dans la guerre, a pu dire M. Henry Bérenger, président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, dans une récente conférence aux Ambassadeurs, mais partout la guerre nous entoure. » C'est bien, en effet, ce qu’il y a de plus tragique, que les grandes démocraties, qui font tous leurs efforts pour maintenir la paix, soient partout encerclées par la guerre. Les communistes leur reprochent leur pusillanimité. A les entendre, leur politique de non-intervention est une duperie. C'est très facile à dire, mais, au-dessus de tout cela, il y a la guerre qu'il faut avant tout éviter aux pays qui en ont déjà connu les horreurs ! Et, d'ailleurs, que faire qui puisse être complètement efficace ? Evidemment, il y a le pétrole, dont parle notre confrère Jean Piot, dans L’Œuvre. On en avait, du reste, déjà parlé à l’occasion de l'affaire d'Ethiopie. La difficulté, c’est de se mettre d'accord avec l’Angleterre et, en même temps, avec les Etats-Unis. Et même avec la Russie qui, dit-on, ravitaille en ce moment le Japon en pétrole, tandis que l'Allemagne et l’Italie fournissent des armes et des munitions à la Chine î Car, ce qui est le plus curieux en ces affaires d’Espagne et de Chine, c'est que tous les capitalistes, de quelque pays qu’ils soient, mettent leurs intérêts immédiats — c’est-à-dire le profit — au-dessus des senti ments et des doctrines qu’ils professent. C’est le business dans toute sa splendeur. On comprend, dès lors, que notre ministre des Affaires étrangères ne joue pas précisément sur le velours, et c’est ce qu’il n'a pas eu de peine à exposer à la Chambre, en termes naturellement plus voilés qu’il ne le fait dans les Commissions ou dans les couloirs. Nous devons lui savoir gré, tout de même, de nous préserver de certaines embûches. Nous sortirons toujours, d'une façon ou de l'autre de nos difficultés intérieures ; l’essentiel, c'est qu'elles ne se compliquent point de difficultés extérieures. P.-S. — Le débat sur les interpellations s’est terminé tard dans la Soirée de ..vendredi. Nos lecteurs en trouveront d'autre part le compte rendu....

À propos

Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • henry bérenger
  • delbos
  • eirik labonne
  • yvon delbos
  • appl
  • flandin
  • hitler
  • richelieu
  • dommange
  • barbot
  • france
  • paris
  • espagne
  • perpignan
  • angleterre
  • marseille
  • chine
  • italie
  • fontainebleau
  • rome
  • itv
  • faits divers
  • union postale
  • la république
  • commission
  • sénat
  • union républicaine
  • henriot